Pour la première fois, une personnalité de la tech berlinoise s’est ouvertement prononcée en faveur d’une rupture du cordon sanitaire vis-à-vis de l’extrême droite. Dans une publication sur le réseau X, le 12 novembre, le célèbre entrepreneur Christian Reber, 38 ans, a appelé le parti chrétien-démocrate (CDU) à une alliance électorale avec l’AfD, le parti d’extrême droite allemand, aux prochaines élections.
A la suite de l’implosion de la coalition d’Olaf Scholz, le 6 novembre, des élections anticipées devraient se tenir le 23 février 2025. Selon les derniers sondages, seule une alliance entre la CDU et le Parti social-démocrate (SPD), éventuellement avec les Verts, a une chance d’obtenir la majorité absolue. Jusqu’ici, la CDU a exclu toute alliance avec l’extrême droite, créditée de 19 % des intentions de vote.
« Ouvrez-vous à une coalition avec l’AfD, en imposant la condition qu’aucun membre du parti ouvertement d’extrême droite radicale n’assume de responsabilité politique », suggère M. Reber à Friedrich Merz, président de la CDU et probable futur chancelier.
Un accord politique dès maintenant
L’entrepreneur et investisseur, qui a fondé la start-up Wunderlist, vendue en 2015 à Microsoft, se présente comme « ancien électeur des Verts ». Il redoute que la prochaine coalition, si elle n’intègre pas l’AfD, ait pour effet que le parti d’extrême droite devienne la première force politique du pays aux élections de 2029, ce qu’il dit vouloir éviter. Il recommande donc à M. Merz un accord politique dès maintenant, qui exigerait « le maintien de l’Allemagne dans l’Union européenne et dans la zone euro ».
« Défendez avec l’AfD une politique allemande, proche des citoyens et européenne », écrit-il, en demandant notamment « une politique économique forte » et une « débureaucratisation radicale ».
La publication a été reprise, vendredi 15 novembre, dans l’infolettre très suivie d’une autre célébrité de la scène technologique allemande, Frank Thelen. « Je suis également d’avis que les presque 20 % d’électeurs actuels de l’AfD doivent être pris en compte dans une démocratie – même si je souhaiterais que l’on n’en soit jamais arrivé là », écrit-il, en disant vouloir « ouvrir un dialogue équitable ».
La suite de sa lettre dresse les louanges de l’initiative confiée au milliardaire Elon Musk dans la future administration Trump, le Department of Government Efficiency (le département pour l’efficacité gouvernementale, ou DOGE), qui vise à « démanteler la bureaucratie gouvernementale », selon les mots du président élu. Difficile, dans ce contexte, de ne pas considérer que la participation d’Elon Musk à la campagne de M. Trump a contribué à dédiaboliser le président américain élu aux yeux de certains entrepreneurs tech allemands.
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