Depuis cinq jours, Rheinmetall est la vedette du DAX, l’indice de référence de la Bourse de Francfort, en Allemagne. Depuis la Conférence de Munich sur la sécurité, qui s’est tenue du vendredi 14 au dimanche 16 février, le cours du fabricant allemand de blindés, de munitions et de systèmes d’artillerie s’est envolé de près de 30 %, et s’échange désormais autour de 930 euros. L’évolution du titre incarne à elle seule le bouleversement géopolitique en cours : les Etats-Unis menaçant de se retirer du dispositif de défense européen, qu’ils assuraient depuis la fin de la seconde guerre mondiale, les commandes des fabricants d’armement d’Europe devraient s’envoler dans les années à venir, avec des implications pour l’industrie tout entière.
Rheinmetall, groupe mal-aimé dans une Allemagne longtemps pacifiste, est devenu une entreprise d’importance systémique depuis le début de l’attaque russe en Ukraine, en février 2022. C’est un des grands bénéficiaires de l’augmentation des crédits allemands destinés à la défense, qui ont atteint un peu moins de 2 % du produit intérieur brut (PIB) en 2024. Il a largement profité du fonds spécial de 100 milliards d’euros voté par Berlin en juin 2022 pour la modernisation rapide de l’armée, qui souffrait d’un fort désinvestissement depuis la fin de la guerre froide. Mark Rutte, le secrétaire général de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord, a annoncé que l’objectif de l’alliance était désormais de pousser ces dépenses « considérablement au-delà de 3 % ». Outre-Rhin, même le candidat des Verts à la chancellerie, Robert Habeck, estimait, début janvier, que l’Allemagne devrait consacrer 3,5 % de son budget au réarmement.
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