Dans les chancelleries européennes, il est de bon ton de railler quiconque ose évoquer l’« axe franco-allemand » et, plus encore, le « couple franco-allemand ». Force est de constater que, malgré la signature du traité d’Aix-la-Chapelle (Allemagne) en 2019, la relation entre Paris et Berlin n’a fait que se détériorer depuis près d’une décennie. A tous les niveaux de la société, les liens se distendent et la mémoire de notre histoire commune, qui fut longtemps le socle du rapprochement de nos deux nations, se dissout.
C’est également au sommet du pouvoir que les frustrations s’accumulent. Dès 2017, la plupart des propositions faites par Emmanuel Macron dans son discours de la Sorbonne n’ont reçu aucun écho outre-Rhin. Puis, sous Olaf Scholz (élu en 2021), le gouvernement allemand, empêtré dans ses luttes intestines, s’est avéré incapable de donner la moindre impulsion au projet européen et a même été, le plus souvent, un obstacle à toute avancée.
De son côté, le pouvoir français a irrité et désorienté les dirigeants allemands, par sa propension récurrente à faire cavalier seul. Surtout, de la question nucléaire à la défense européenne, en passant par la politique commerciale ou notre rapport à la Chine et aux Etats-Unis, les sujets de désaccord se sont multipliés.
Nouvelles dynamiques
Dans ce vacuum franco-allemand, renforcé par l’affaiblissement interne de nos deux pays, d’autres acteurs ont tenté de s’engouffrer. A Bruxelles, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a cherché à imposer sa propre vision de l’intérêt général européen. C’est aussi entre Etats membres que de nouvelles dynamiques de pouvoir ont émergé. Moqués au moment de la crise de la zone euro, les pays d’Europe du Sud prennent désormais leur revanche économique. Alors que l’Allemagne est en récession, l’Espagne affiche une croissance de près de 3,5 %. Tandis que la France est incapable d’opérer le redressement de ses finances publiques, le Portugal a assaini les siennes et affiche désormais un excédent budgétaire.
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