C’est le paradoxe des finances publiques allemandes : alors que le gouvernement a ouvert grand les vannes du crédit, au printemps, pour renforcer sa défense et ses infrastructures, il peine à boucler son budget régulier. Et cherche, comme Paris, à faire des dizaines de milliards d’euros d’économies.
Le problème est structurel : les comptes sociaux, dégradés par la croissance anémique depuis cinq ans et le vieillissement accéléré de la population, rognent de plus en plus les marges de manœuvre. Si bien que le chancelier, Friedrich Merz, a déclaré, fin août, que l’Etat social n’était « plus finançable dans sa forme actuelle », et a appelé à un « automne des réformes », ouvrant une large discussion dans le pays.
Si les voies de réforme divergent entre les partis de la coalition – les conservateurs de l’Union chrétienne démocrate et de l’Union chrétienne-sociale en Bavière (CDU/CSU), et le Parti social-démocrate (SPD) –, le constat sur le fond est relativement consensuel : sans changement, les finances publiques allemandes vont rapidement se heurter à un mur.
« Les dépenses sociales allemandes, ce sont 1 300 milliards d’euros par an : 60 % de cette somme, soit 800 milliards d’euros, est composée des dépenses pour les assurances-retraite, maladie et invalidité. Le budget social, soit la part du produit intérieur brut consacrée aux dépenses sociales, correspond actuellement à 31 %, soit 2 points de pourcentage de plus qu’en moyenne dans les années 2010 », détaille Andreas Peichl, économiste à l’institut Ifo. Cet écart correspond à 90 milliards d’euros supplémentaires que le pays doit consacrer à ses dépenses sociales par rapport aux années 2010.
Il vous reste 71.57% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.