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Les conservateurs allemands de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) emmenés par Friedrich Merz et le Parti social-démocrate (SPD) ont annoncé samedi 8 mars la conclusion d’un accord de principe en vue de la formation d’un gouvernement qui prévoit d’investir massivement pour relancer et réarmer la première économie européenne.

« Nous avons rédigé un document commun et nous sommes parvenus à un accord sur toute une série de questions », a déclaré à la presse le futur chancelier, en ajoutant que les deux formations allaient entamer la semaine prochaine des négociations détaillées devant mener à la formation d’une coalition gouvernementale. « Nous sommes tous convaincus que nous avons une grande tâche à accomplir » face aux « défis auxquels l’Europe entière est confrontée », a-t-il ajouté. « Nous avons réussi un premier pas », s’est, quant à lui, félicité le coprésident du SPD Lars Klingbeil.

Selon M. Merz, les deux partis sont parvenus à surmonter leurs différends en matière d’immigration. Le SPD a ainsi accepté une proposition controversée des conservateurs concernant un renforcement des contrôles aux frontières, « en accord avec les partenaires européens », et un refoulement des étrangers sans papiers. Les sociaux-démocrates ont, de leur côté, imposé leur revendication d’une augmentation du salaire minimal pour le porter à 15 euros de l’heure, a précisé M. Klingbeil.

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Les deux formations avaient créé la surprise en s’accordant cette semaine sur un programme d’investissements gigantesques de plusieurs centaines de milliards d’euros alloués au réarmement et aux infrastructures.

La CDU et ses alliés bavarois de la CSU ont rapidement entamé des discussions exploratoires avec les sociaux-démocrates après les élections législatives du 23 février, remporté par les conservateurs avec 28,6 % des voix, devant le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD, 20,8 %) et le SPD (16,4 %). Face aux bouleversements en cours, le « monde n’attend pas », ne cesse de répéter Friedrich Merz, vétéran de la politique âgé de 69 ans et ancien rival d’Angela Merkel, mais sans expérience gouvernementale.

« Construire des ponts »

L’altercation de la semaine dernière entre Donald Trump et son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, puis le gel de l’aide militaire américaine accordée à Kiev ont rendu les négociations encore plus urgentes.

La CDU et le SPD veulent exempter les dépenses de défense du « frein à l’endettement » inscrit dans la Constitution lorsqu’elles dépassent 1 % du PIB, l’objectif étant de les faire grimper à 100 milliards d’euros par an. L’autre mesure phare concerne la création d’un fonds de 500 milliards d’euros sur dix ans destinés aux infrastructures négligées depuis des années, telles que les ponts, le transport ferroviaire et les écoles, afin de relancer une économie en récession depuis deux ans.

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Pour être adopté, ces projets d’investissements nécessiteront une majorité des deux tiers au Parlement, très probablement avec la coopération des Verts, qui, en échange de leur soutien, exigent un volet sur le climat. « Nous sommes aujourd’hui plus éloignés d’un accord que nous ne l’étions ces derniers jours », a toutefois fait savoir Felix Banaszak, coprésident du parti écologiste, en déplorant que « le financement de la protection du climat ne joue aucun rôle » dans le document commun.

Deux sessions extraordinaires du Bundestag sortant sont prévues pour les 13 et 18 mars. Le 25 mars débutera la nouvelle législature, dans laquelle l’AfD et le parti de gauche Die Linke détiendront une minorité de blocage.

« Si nous parvenons à nous mettre d’accord sur des questions aussi fondamentales de la politique nationale, européenne et internationale de l’Allemagne, si nous parvenons à construire ensemble des ponts, cela peut aussi réussir ailleurs dans ce pays », a jugé Lars Klingbeil.

Les discussions sur la formation du nouveau gouvernement sont suivies de très près par les voisins européens de l’Allemagne, qui attendent de celle-ci, placée sous le « parapluie » américain depuis l’après-guerre, qu’elle joue un rôle plus important en matière de sécurité et de défense, alors que le continent se mobilise pour réduire sa dépendance vis-à-vis des Etats-Unis de Donald Trump.

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Le Monde avec AFP

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