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La misère énergétique du Nigeria fait au moins les affaires de quelques-uns. L’entreprise Sun King, principal fournisseur mondial de solutions d’énergie hors réseaux, vient de sécuriser un prêt de 80 millions de dollars (plus de 70 millions d’euros) dans le cadre d’un programme d’électrification soutenu par la Banque mondiale. Un financement qui pourrait lui permettre de tripler sa croissance dans le pays d’Afrique de l’Ouest, se réjouit le cofondateur et directeur général du groupe, Patrick Walsh, interrogé par le site Semafor.

Lire aussi la chronique : Energie : « En Afrique, la priorité est d’investir dans des projets pour les 600 millions d’habitants privés d’électricité »

Il y a de quoi faire. Le Nigeria est le pays le plus peuplé d’Afrique, avec quelque 230 millions d’habitants. Il est aussi celui qui rassemble le plus grand contingent de personnes vivant sans électricité : 90 millions, soit 40 % de la population. Même lorsqu’ils sont raccordés, ménages et entreprises s’équipent dès qu’ils peuvent de générateurs au diesel pour remédier aux pannes du réseau national. En 2024, celui-ci s’est effondré à dix reprises, totalement ou partiellement. Ces dysfonctionnements ont un coût incalculable, en termes de perte de productivité ou de fuite des investissements. Quand ils n’empêchent pas tout bonnement les jeunes d’étudier et les hôpitaux de fonctionner…

Comme souvent, la situation au Nigeria résume dans l’excès ce qui se joue ailleurs sur le continent. En 2025, près d’un Africain sur deux n’a toujours pas accès à l’électricité. Pis, la situation risque encore de s’aggraver tant le rythme de développement des infrastructures peine à suivre la courbe de la démographie. Au cours des cinq dernières années, 14 gigawatts supplémentaires ont été installés en Afrique. Soit moins de 5 % de ce que la Chine a mis en service en une seule année (en 2023), comme le souligne un rapport de la société de conseil Okan Partners, réalisé en partenariat avec l’Africa CEO Forum, ce mini-Davos continental organisé par le groupe Jeune Afrique.

Nombreux freins

La région dispose pourtant de ressources abondantes, dans le solaire, l’hydraulique ou la géothermie. Mais ce potentiel ne suffit pas à aguicher les capitaux privés. Moins de 3 % des investissements mondiaux dans l’énergie lui sont destinés, et la plupart sont orientés vers le gaz et le pétrole. « Monter des projets bankables [potentiellement rentables] sur le continent, c’est souvent très compliqué », reconnaît Amaury de Féligonde, associé gérant chez Okan. Les freins sont nombreux, du plus général (l’instabilité politique et économique des Etats) au plus concret (le sous-développement des réseaux électriques, corollaire de la santé financière défaillante des compagnies nationales).

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