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Quatre hommes condamnés pour meurtre ont été exécutés, vendredi 11 avril, dans des stades remplis de dizaines de milliers de spectateurs dans trois villes d’Afghanistan. Il s’agit du plus grand nombre d’exécutions publiques en une journée depuis le retour au pouvoir des talibans en 2021, selon un décompte de l’Agence France-Presse (AFP).

Les autorités locales avaient exhorté la veille responsables et citoyens à venir « participer à l’événement » tout en interdisant, comme à l’habitude, tout appareil photo ou portable, pour empêcher la diffusion d’images.

Deux hommes ont été exécutés devant environ 20 000 personnes rassemblées dans un stade de Qala-I-Naw, la capitale de la province de Badghis, dans le nord-ouest du pays, en vertu du principe islamique de qisas, ou loi du talion, a annoncé la Cour suprême. « Le premier avait tué trois personnes ; le second, une », a fait savoir à l’AFP Matioullah Muttaqi, un porte-parole du gouvernorat. « Leurs proches ont tenté de s’excuser et ont proposé une compensation financière, a-t-il poursuivi, mais les familles des victimes ont refusé de leur accorder leur pardon. »

« Violation flagrante de la dignité humaine »

Dans ce cas, une arme est remise à un homme de chacune des familles des victimes, qui peut tirer sur le condamné. A Qala-I-Naw, ont rapporté des témoins auprès de l’AFP, ils ont tiré une demi-douzaine de fois. M. Muttaqi a précisé que ces exécutions publiques étaient les premières dans la province depuis le retour des autorités talibanes au pouvoir.

Un troisième homme a été exécuté dans la ville de Zaranj, la capitale de la province de Nimroz, dans le sud-ouest du pays. Et un quatrième à Farah, capitale de la province du même nom, dans l’ouest. Là aussi, les exécutions ont eu lieu en public et dans des stades bondés. « Les talibans mènent des exécutions publiques à répétition, or c’est une violation flagrante de la dignité humaine et du droit international », dénonce Amnesty International, exhortant la communauté internationale à faire pression sur Kaboul pour qu’elles cessent.

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Tous les ordres d’exécution ont été signés par le chef suprême des talibans, l’émir Haibatullah Akhundzada, qui vit reclus dans son fief méridional de Kandahar et gouverne le pays par décrets ou instructions, précise le communiqué de la Cour suprême. Des tribunaux de différentes instances avaient examiné les dossiers au préalable « très minutieusement et à plusieurs reprises », selon la même source.

Interprétation ultrarigoriste de la loi islamique

Si les exécutions publiques étaient courantes sous le premier régime taliban, entre 1996 et 2001, celles-ci ont été drastiquement réduites depuis le retour des talibans à Kaboul à l’été 2021. Depuis cette date, six hommes ont été exécutés pour « meurtre » : un en décembre 2022, un en juin 2023, trois en février 2024, et un en novembre de la même année.

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L’une des images les plus choquantes des exécutions menées par le premier régime taliban reste celle de Zarmina, une Afghane en burqa, qui a reçu plusieurs balles dans la tête devant des milliers de personnes dans un grand stade de Kaboul, en 1999. Elle avait été reconnue coupable d’avoir tué son époux. Depuis août 2021, les autorités procèdent régulièrement à des flagellations publiques pour d’autres crimes, comme le vol, l’adultère ou la consommation d’alcool.

L’émir Haibatullah Akhundzada avait affirmé, en août 2024, pour le troisième anniversaire de la prise de Kaboul, que l’application de la loi islamique était « une responsabilité jusqu’à la mort ». Peu après, les autorités annonçaient une nouvelle loi de « propagation de la vertu et de la répression du vice » régissant tous les aspects de la vie sociale et privée des Afghans selon une interprétation ultrarigoriste de la loi islamique. Ce texte de 35 articles ne précise toutefois pas les peines prévues pour chaque infraction, des zones d’ombre jugées inquiétantes par les défenseurs des droits humains.

Le Monde avec AFP

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