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La passe d’armes entre ministres est allée jusqu’au sommet de l’exécutif : Emmanuel Macron a recadré son premier ministre, François Bayrou, et a appelé le gouvernement à « discipliner la parole », jeudi 3 juillet, après des querelles publiques sur les énergies renouvelables, sur fond d’ambitions présidentielles et d’affaiblissement du chef du gouvernement.

Le premier ministre « doit diriger son gouvernement » et les ministres « doivent s’occuper des politiques qu’ils conduisent », a déclaré le président de la République en marge d’un déplacement dans l’Aveyron. Evoquant la présidentielle, M. Macron a assuré qu’il y aurait « le temps des débats, des programmes », mais estime que « là il y a le temps du gouvernement de la France » et « chaque ministre doit s’occuper des affaires pour lesquelles il est nommé ».

Chose rare, François Bayrou s’exprimait en même temps qu’Emmanuel Macron, sur BFM-TV, et a dans un premier temps appelé ses ministres à cultiver « l’esprit de responsabilité » pour s’exprimer « avec un tout petit peu plus de nuances ». Puis interrogé sur ce recadrage en direct du chef de l’Etat, il a expliqué avoir « voulu un gouvernement de poids lourds » qu’on ne peut pas mener « comme une classe enfantine », et dénoncé « des campagnes internes, des mouvements politiques ». Mais « c’est [lui] qui tranche », a-t-il assuré, en démentant toute pagaille, puisque le sujet des énergies renouvelables « est un sujet arbitré. Il y aura du renouvelable ».

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Ambitions présidentielles de Gabriel Attal, Edouard Philippe et Bruno Retailleau

Pourtant, juste avant de se rendre à Matignon mercredi soir pour un apéritif destiné justement à aplanir les dissensions au sein du socle commun gouvernemental, le patron du parti présidentiel Renaissance, Gabriel Attal, a critiqué sur X Bruno Retailleau. Le ministre de l’intérieur, et nouveau président du parti Les Républicains (LR), venait dans une tribune publiée dans Le Figaro et cosignée avec François-Xavier Bellamy et Julien Aubert de demander l’arrêt des « subventions publiques » pour l’éolien et le photovoltaïque.

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Un « contresens historique et scientifique (…) incompréhensible », a lancé l’ancien premier ministre et chef de file des députés du camp présidentiel. « Du populisme », a tonné un peu plus tard la ministre (Renaissance) de la transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, en accusant son collègue de vouloir « récupérer des voix à droite et au-delà » et en interrogeant son « sérieux ».

Auprès des producteurs de roquefort, le chef de l’Etat s’est rangé aux côtés des responsables de son camp. « On a besoin de renouvelable », a-t-il lancé, en appelant à « sortir des lubies » et des caricatures. Bruno Retailleau s’est justifié en marge d’un déplacement à Libourne, en Gironde, en expliquant être entré au gouvernement « pour éviter le chaos » mais en restant fidèle à ses idées.

Les relations entre chefs de partis du socle commun se tendent d’autant plus que trois d’entre eux, Gabriel Attal (Renaissance), Edouard Philippe (Horizons) et Bruno Retailleau (Les Républicains), aspirent à se présenter à la présidentielle et cherchent à se démarquer.

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François Bayrou affaibli

L’équation est encore compliquée par le fait que M. Retailleau est à la fois un poids lourd du gouvernement et le président de LR. Et, à ce titre, il est susceptible de s’exprimer sur les dossiers de ses collègues. Les divergences s’étalent aussi parce que le premier ministre, François Bayrou, semble affaibli.

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Il est non seulement toujours privé de majorité à l’Assemblée mais ne bénéficie plus de la neutralité des socialistes depuis l’échec du « conclave » sur les retraites ; il entre dans une zone délicate avec la préparation du projet de budget 2026, dont il dévoilera les grandes lignes le 15 juillet.

Il aura l’occasion de s’en expliquer mercredi midi, quand il recevra les parlementaires de sa coalition pour la fin de session.

Le projet de François Bayrou d’instaurer un mode de scrutin proportionnel aux législatives est un autre sujet de tensions. La droite y est vivement opposée. Et seul le MoDem au sein du camp présidentiel y est franchement favorable.

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Le Monde avec AFP

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