Meilleures Actions
Histoires Web samedi, mars 1
Bulletin

CANAL+ BOX OFFICE – À LA DEMANDE – FILM

A lire de quoi il retourne dans Emilia Pérez – depuis la présentation du film dans la compétition cannoise au mois de mai 2024, les occasions n’ont pas manqué –, il faut décidément se pincer pour y croire. Sans doute savait-on Jacques Audiard perméable à la séduction de l’insolite et du bizarre. Ce drame musical porté à ébullition dépasse néanmoins tout ce que l’on pourrait imaginer.

Lire la chronique : Article réservé à nos abonnés « On fait un sale procès à Jacques Audiard, tant “Emilia Pérez” ne dit rien du Mexique, de la même façon qu’“Emily in Paris” ne dit rien de la capitale »

Rita (Zoe Saldaña), avocate mexicaine ambitieuse, est enlevée en pleine rue par une escouade de brutes. Les yeux bandés, la voici nuitamment conduite au quartier général d’une créature ultraviriliste de laquelle suintent la bestialité et le malaise : Manitas del Monte (Karla Sofia Gascon, actrice trans grimée en homme).

Contre toute attente, la cheffe de gang confie à l’avocate qu’elle achève le long processus d’une transition de genre et qu’elle l’embauche pour qu’elle supervise, sans trahir son identité et avec accès illimité à son immense fortune, la dernière ligne droite : organiser l’opération, simuler son assassinat, mettre sa femme Jessi (Selena Gomez) et ses enfants à l’abri du besoin en Suisse.

Humour rédemptionnel

Deux parties contrastées suivront cet hallucinant exorde. La première, par magie transformative, voit Manitas, devenu Emilia Pérez, convertie à l’action philanthropique, devenir une figure sociale de l’aide aux plus démunis. Un brin d’humour rédemptionnel, pour ne pas dire métaphysique, ne fait pas de mal.

Lire le récit : Article réservé à nos abonnés « Emilia Pérez » déchaîne les critiques au Mexique

Incapable de surmonter la séparation d’avec ses enfants, elle recontacte cependant Rita pour organiser le retour au Mexique de sa famille, en se faisant passer pour une cousine de Manitas qui les accueille dans sa maison. Entre-temps, sa veuve Jessi, qui file le parfait amour avec le sombre Gustavo, aspire férocement à l’indépendance, à l’instar de toutes les femmes de ce film. C’est ici que les ennuis arrivent et que la transition commence à prendre du plomb dans l’aile.

Encore n’aura-t-on rien dit, ce fond de grand mélo féministe que l’on qualifierait d’« almodovarien » s’enlevant sur une forme qui, si besoin était, en intensifie l’intensité et l’artificialité. Soit un cinéaste français tournant en espagnol un film pour partie chanté et dansé dans un Mexique reconstitué à Bry-sur-Marne (Val-de-Marne), avec des stars anglophones internationales et une actrice trans madrilène. Olé !

Lire le récit : En pleine polémique, « Emilia Pérez » remporte le prix du meilleur film européen aux Goya, équivalent espagnol des Oscars

Pour apprécier le spectacle, il faut laisser au vestiaire l’exigence du réalisme et de la vraisemblance, et se laisser happer par l’énergie sentimentale et les ressorts archétypaux qui en gouvernent la dramaturgie, sous les auspices de la dissonance et de l’impureté. Jacques Audiard reste fidèle à ce qu’il est.

Emilia Pérez, de Jacques Audiard. Avec Zoe Saldaña, Karla Sofia Gascon, Selena Gomez, Adriana Paz, Edgar Ramirez (Fr.-Mex.-EU, 2024, 130 min).

Lire aussi | Césars 2025 : « Emilia Pérez », de Jacques Audiard, triomphe en remportant sept trophées, revivez la 50ᵉ cérémonie

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés « Emilia Pérez », cerné par les polémiques, déchante dans sa course aux Oscars

Réutiliser ce contenu

Share.
© 2025 Mahalsa France. Tous droits réservés.