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Histoires Web vendredi, octobre 18
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Quand il a été contacté par le Théâtre de marionnettes de Klaipeda (Klaipedos leliu teatras ou KLT) pour travailler sur un projet de spectacle commun, le marionnettiste et metteur en scène Renaud Herbin l’avoue volontiers : il ne connaissait pas grand-chose de cette cité portuaire de Lituanie, la troisième ville du pays après Vilnius et Kaunas. Après y avoir fait plusieurs séjours depuis janvier, il a découvert de nombreux points communs entre Klaipeda et Strasbourg, où il vit et travaille – il a notamment dirigé, de 2012 à 2022, le TJP – Centre dramatique national Strasbourg-Grand Est. Ce sont toutes deux des métropoles marquées par un passé douloureux, par les guerres, souvent occupées et bombardées à cause de leur position géographique, aux frontières de plusieurs territoires.

Lire le reportage : Article réservé à nos abonnés La Saison de la Lituanie en France, dans l’ombre de la guerre en Ukraine

C’est précisément cette histoire plutôt sombre et tragique, celle d’une population meurtrie par les conflits et par les bombes, mais qui trouve toujours l’énergie de résister à l’occupant, quel qu’il soit (les nazis puis les Russes), que Renaud Herbin a décidé de mettre en valeur dans sa nouvelle création intitulée Embrasser les cendres. La première représentation a eu lieu à Klaipeda, le 27 septembre, avant Paris, où le spectacle est joué dans le cadre de la Saison de la Lituanie en France.

Avec la dramaturge lituanienne Lina Laura Svedaite, directrice de la plus ancienne revue culturelle du pays, Littérature et art, Renaud Herbin a coécrit un texte volontairement elliptique, qui suggère plus qu’il ne décrit les épreuves traversées par les habitants de Klaipeda au fil des siècles. Ce texte est dit en lituanien par les deux acteurs et manipulateurs, un homme et une femme, avec un surtitrage en français (projeté sur deux écrans positionnés de part et d’autre de la scène). Ce choix permet de donner à entendre une langue que l’on ne connaît guère et dont les sonorités se prêtent particulièrement bien à la dimension élégiaque du spectacle.

Ballet quasi fantomatique

Le choix du noir et blanc vient renforcer cette dimension tragique. Le blanc des 18 petites marionnettes à fils manipulées à vue par les deux comédiens, avec leurs corps en tissu et leurs visages en résine que l’on croirait faits de porcelaine. Le noir du décor et des panneaux qui viennent parfois dissimuler marionnettes et acteurs. Il faut saluer ici la grande dextérité et la délicatesse infinie des deux artistes issus de la troupe du Théâtre de marionnettes de Klaipeda qui font jaillir toute une variété de mouvements et d’expressions de ces minuscules êtres. Ces derniers sont les véritables héros et héroïnes de la série d’histoires courtes inventées par Renaud Herbin et Lina Laura Svedaite pour illustrer la tragédie de la guerre.

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