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Une grande lassitude de l’électorat et le spectre de l’extrême droite prorusse planent sur ce scrutin qui donne peu d’espoir de voir le pays sortir de l’impasse. Les Bulgares ont commencé à voter, dimanche 27 octobre, pour élire leur Parlement, leurs septièmes élections législatives depuis 2021. Les bureaux de vote ont ouvert à 7 heures ; de premières estimations à la sortie des urnes sont attendues vers 20 heures.

Les élections se suivent et se ressemblent dans le pays le plus pauvre de l’Union européenne (UE), où le souffle du changement contre les conservateurs de l’été 2020 – quand la capitale, Sofia, était secouée par des manifestations anticorruption – est totalement retombé.

Mené par l’ancien premier ministre Boïko Borissov, le parti conservateur GERB (Citoyens pour le développement européen de la Bulgarie) est crédité d’environ 26 % des intentions de vote et part une nouvelle fois favori. Mais il risque là encore de ne pas trouver d’alliés pour former une majorité, dans un Parlement extrêmement morcelé. Le taux de participation s’annonce par ailleurs très faible. Il y a cinq mois, lors des dernières législatives, seulement 34 % des électeurs s’étaient déplacés – le niveau le plus bas depuis la chute du communisme, il y a trente-cinq ans.

Les nationalistes prorusses en progression

Avec cette crise politique sans précédent depuis 1989, les nationalistes prorusses de Vazrajdane (Renaissance) s’installent durablement dans le paysage politique bulgare. Les sondages donnent 13 % à 14 % pour cette formation, soit autant que les réformateurs de la coalition Nous continuons le changement – Bulgarie démocratique, qui perdent du terrain au fil des scrutins.

Très présent pendant la campagne, le parti d’extrême droite Vazrajdane fait valoir auprès de son électorat l’adoption, à son initiative, cet été par le Parlement d’une loi « contre la propagande LGBT+ » dans les écoles. Un texte directement inspiré de la Russie, dans ce pays certes membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) mais toujours très russophile, où pullulent les sites favorables au Kremlin.

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« L’influence de Vazrajdane s’accroît au point que le parti devient un partenaire potentiel pour GERB », a déclaré Dobromir Jivkov, directeur de l’institut Market Links, auprès de l’Agence France-Presse.

M. Borissov, qui a soutenu la loi controversée, a ouvert la porte à un rapprochement avec le parti d’extrême droite, tout en admettant que ses « partenaires à Bruxelles et Washington ne permettraient pas » un tel scénario.

L’inconnue américaine

Quand il gouvernait, entre 2009 et 2021, le vétéran de 65 ans a toujours pris soin de ménager la Russie, tout en respectant les positions de l’UE et de l’OTAN. M. Borissov s’est ensuite clairement rangé contre Moscou, depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022. Mais une éventuelle victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine pourrait changer la donne, selon M. Jivkov.

L’élection du candidat républicain et son « indulgence envers les péchés de corruption » pourraient aussi favoriser une coalition du parti conservateur GERB avec l’ancien magnat Delyan Peevski, visé par des sanctions américaines et britanniques. Le député de 44 ans a créé une faction dissidente au sein du parti de la minorité musulmane, le Mouvement pour les droits et libertés, qui pourrait recueillir plus de 7 % des suffrages, voire plus, l’opposition pointant le risque de fraudes électorales.

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Le marasme électoral dans le pays, qui inquiète les investisseurs étrangers, a mis en suspens les réformes anticorruption et de transition énergétique, compromettant le versement de milliards d’euros de fonds européens.

La situation a également provoqué le report de l’adhésion à la zone euro et de l’accession pleine et entière à l’espace de libre circulation Schengen. Sans compter le coût de l’organisation des sept élections, se chiffrant à plus de 300 millions d’euros.

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Le Monde avec AFP

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