Ecologue et systématicien, spécialiste de la biologie évolutive des insectes, Philippe Grandcolas est directeur adjoint scientifique de l’institut CNRS écologie et environnement. Il est aussi l’auteur d’ouvrages grand public, en particulier de La Puissance de la biodiversité (CNRS Editions, 2023).
Plusieurs études suggèrent des réductions de populations d’insectes en Europe de l’ordre de 80 % au cours des deux décennies écoulées. Les dernières données britanniques indiquent une chute de 63 % entre 2021 et 2024. Est-ce inquiétant ?
Oui, de mon point de vue, ces chiffres sont terrifiants. On assiste à un effondrement silencieux de mieux en mieux documenté par les scientifiques. Je dis silencieux à dessein, car il est complètement fou que l’on n’en parle pas plus, ou alors sur le mode : « Ah oui, les insectes, pas tous sympas quand même ! » Si la végétation mourait sur pied partout, on serait catastrophés ! Mais il est vrai que l’effondrement du nombre d’oiseaux – pourtant plus populaires que les insectes –, bien avéré en Europe, n’est pas non plus une information qui fait bouger les foules.
Il vous reste 75.08% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.