Il a fait de l’homosexualité le thème central de son œuvre littéraire, influençant de nouvelles générations d’écrivains. L’écrivain américain Edmund White, figure de proue de la littérature LGBT, est mort à l’âge de 85 ans, a annoncé son agent mercredi 4 juin. « Malheureusement, je peux confirmer qu’(il) est mort la nuit dernière dans sa maison de New York de causes naturelles », a déclaré Bill Clegg dans un courriel à l’Agence France-Presse.
Né le 13 janvier 1940 à Cincinnati dans l’Ohio, Edmund White est l’auteur de dizaines de romans, nouvelles, articles et essais, ainsi que de biographies. Tout au long de son œuvre, il s’est inspiré de sa propre vie pour écrire des romans sur les homosexuels et la liberté sexuelle.
Adoubé dès son premier roman, Oublier Elena, sorti en 1973, il a ensuite écrit le très explicite The Joy of Gay Sex (1977), un manuel pionnier de la sexualité homosexuelle, – coécrit avec son psychothérapeute et devenu une référence LGBT + outre-Atlantique – ou encore Nocturnes pour le roi de Naples (1978) et L’Homme marié (2000). Son roman le plus célèbre Un jeune Américain (A Boy’s Own Story, 1982), fût le premier d’une trilogie qui s’inspirait de sa vie, de l’enfance à l’âge mûr, et qui a été suivi de La tendresse de la peau (The Beautiful Room Is Empty, 1988) et de La Symphonie des adieux (The Farewell Symphony, 1997).
« Ses livres nous ont donné le droit d’exister »
Francophile et francophone, l’écrivain a vécu en France entre 1983 et 1990, où il s’est lié d’amitié, entre autres, avec Michel Foucault et a développé un intérêt pour la littérature française. Il a notamment écrit une biographie de Jean Genet en 1993, qui lui a valu le prix Pulitzer l’année suivante, avant d’écrire sur la vie de Marcel Proust et d’Arthur Rimbaud.
« C’est une bien triste nouvelle. Il n’y avait personne comme Edmund White !… Une polyvalence étonnante dans le style, des sujets audacieux et novateurs, un humour noir, un ami pour tant de personnes depuis des décennies », a réagi sur X l’écrivaine américaine Joyce Carol Oates, à l’annonce de sa mort.
Le romancier français Edouard Louis lui a aussi rendu hommage, dans un message posté sur Instagram, saluant la mémoire d’un « ami incroyable », « qui a toujours soutenu et encouragé les jeunes écrivains, comme personne d’autre ». « Ses livres ont ouvert une nouvelle voie pour les homosexuels du monde entier. Ils nous ont donné le droit d’exister, le droit d’être joyeux », ajoute l’auteur, soulignant l’influence majeure de ce pionnier de la littérature gay, qui revendiquait « des milliers d’amants ».
« Les romans gays d’avant, Gore Vidal et Truman Capote, étaient écrits pour des lecteurs hétérosexuels. Nous avions en tête un lectorat gay, et c’est ce qui a fait toute la différence », avait raconté M. White. Accepté à Harvard, l’étudiant avait à l’époque choisi d’intégrer l’université du Michigan afin de rester près de son thérapeute, qui lui avait assuré qu’il pouvait « guérir » l’homosexualité, une décision qu’il évoquera dans ses romans, comme le relate le quotidien britannique The Guardian. ll s’est ensuite installé à New York puis à San Francisco, où il s’est lancé dans l’écriture.
Ses succès littéraires lui ont ouvert tout au long de sa carrière les portes d’universités prestigieuses où il a enseigné l’écriture et la littérature homosexuelle.
Il était marié à l’écrivain Michael Carroll, depuis 2013. Séropositif depuis 1985, il avait subi dans les années 2010 deux AVC et une crise cardiaque.