Les Etats-Unis ont annoncé, mercredi 11 juin, avoir déplacé une partie de leur personnel au Moyen-Orient après des menaces de l’Iran contre leurs bases militaires en cas de conflit consécutif à un échec des négociations sur son programme nucléaire.
Si « un conflit nous est imposé, l’autre camp subira assurément plus de pertes que nous », a déclaré le ministre de la défense iranien, Aziz Nasirzadeh. « Leurs bases sont à notre portée » et « les Etats-Unis devront quitter la région », a-t-il ajouté. Les Etats-Unis disposent de nombreuses bases militaires dans le voisinage de l’Iran, la plus importante étant située au Qatar.
Donald Trump a confirmé mercredi soir le déplacement de membres du personnel américain présent dans la région, « parce que ce pourrait être un endroit dangereux » dans les jours à venir.
Des responsables américains avaient auparavant annoncé une réduction des effectifs à l’ambassade des Etats-Unis en Irak pour des raisons de sécurité. Dans une note d’information, l’agence de sécurité maritime UKMTO, gérée par la marine britannique, met en garde contre « la montée des tensions » au Moyen-Orient, susceptible d’entraîner « une escalade des activités militaires avec un impact direct sur les marins ».
L’Iran et les Etats-Unis, à couteaux tirés depuis l’avènement de la République islamique, en 1979, ont tenu depuis avril cinq cycles de pourparlers sur le programme nucléaire dans le cadre d’une médiation du sultanat d’Oman. De nouvelles discussions sont prévues dimanche, selon l’Iran. Donald Trump a, lui, annoncé que cette réunion aurait lieu jeudi, tandis que le médiateur omanais n’a pas commenté.
Donald Trump « moins confiant »
« Je suis beaucoup moins confiant », déclare le président américain, évoquant les chances de parvenir à un accord avec l’Iran dans un podcast du New York Post enregistré lundi et diffusé mercredi. « Ils semblent tergiverser », poursuit Donald Trump, qui a plusieurs fois menacé de recourir à la force en cas d’échec de la voie diplomatique. « Ce serait mieux d’y parvenir sans guerre », ajoute-t-il toutefois.
Les deux pays tentent de s’entendre sur un texte qui empêcherait la République islamique de se doter de l’arme atomique en échange d’une levée des sanctions qui paralysent son économie. Les discussions butent notamment sur la question de l’enrichissement d’uranium, que le gouvernement iranien dit poursuivre à des fins exclusivement civiles.
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Les Etats-Unis exigent qu’il y renonce totalement, ce que Téhéran refuse, affirmant en avoir le droit en vertu du traité de non-prolifération nucléaire, dont il est signataire.
Selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), l’Iran est le seul Etat non doté d’armes nucléaires à enrichir de l’uranium à 60 %, alors que la limite fixée par l’accord multilatéral conclu en 2015, dont les Etats-Unis se sont retirés en 2018 lors du premier mandat de Donald Trump, est de 3,67 %. Pour être utilisable à des fins militaires, l’uranium doit être enrichi à 90 %.
Les Etats-Unis ont transmis à l’Iran une proposition d’accord que le Guide suprême, Ali Khamenei, ultime décideur sur les dossiers stratégiques, a jugée « 100 % contraire » aux intérêts de son pays. Le texte américain, qui n’a pas été rendu public, ne mentionne pas la levée des sanctions, dont Téhéran fait une priorité, selon le président du Parlement iranien, Mohammad Bagher Ghalibaf.
L’Iran a fait savoir lundi qu’il soumettrait dans les prochains jours sa propre proposition aux Etats-Unis. L’AIEA tient cette semaine à Vienne une importante réunion trimestrielle au cours de laquelle les activités nucléaires iraniennes seront notamment passées en revue.
Selon trois sources diplomatiques citées par l’Agence France-Presse, les Européens et les Etats-Unis ont soumis mardi un projet de résolution pour condamner « le non-respect » des obligations iraniennes dans ce domaine. Son adoption, lors d’un vote qui était prévu tard mercredi, pourrait ouvrir la voie au rétablissement des sanctions onusiennes, en vertu du mécanisme prévu par l’accord de 2015. L’Iran a menacé de réduire sa coopération avec l’AIEA si une telle résolution était adoptée.