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C’est une décision symbolique pour le droit à l’avortement en Pologne. Un tribunal de Varsovie a ordonné, jeudi 13 février, la tenue d’un nouveau procès dans l’affaire d’une militante du droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), condamnée en 2023 pour avoir aidé une femme à avorter. Jugée en mars 2023 à Varsonie, Justyna Wydrzynska avait été reconnue coupable et condamnée à des travaux d’intérêt général, une première en Pologne, où l’avortement est quasi totalement interdit.

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Jeudi, la cour d’appel a rejeté « dans son intégralité le jugement contesté », a déclaré le juge, Rafal Kaniok, évoquant des doutes sur l’impartialité de la juge lors du procès en première instance. « Ce n’est pas une victoire pour moi », a déclaré à l’Agence France-Presse Justyna Wydrzynska, après cette décision, ajoutant : « Je n’aurais pu crier victoire aujourd’hui que si la cour m’avait déclarée innocente. » Des soutiens étaient rassemblés devant le tribunal, parmi lesquels des membres de son organisation, qui aident des femmes à avorter. Quelques militants anti-IVG se trouvaient également sur les lieux, récitant des prières catholiques.

Pilier du collectif Avortement sans frontières, Justyna Wydrzynska, 60 ans, avait, en 2020, aidé une femme à interrompre une grossesse non désirée en lui envoyant ses propres pilules abortives, permettant une IVG médicamenteuse. La quadragénaire ne connaissait pas la dénommée Ania, une mère de famille aux prises avec un partenaire violent, qui avait fait appel à Avortement sans frontières. Son compagnon, qui lui avait interdit de se rendre en Allemagne pour avorter, s’est finalement emparé du colis, appelant aussitôt la police. Ania a fini par faire une fausse couche. « Je n’ai jamais regretté un seul instant. Il s’agissait juste d’aider mon prochain, alors qu’Ania était victime de violences », avait témoigné Mme Wydrzynska auprès du Monde à la fin de 2022.

Des partisans de Justyna Wydrzynska, militante des droits des femmes et du droit à l’IVG, devant la Cour d’appel à Varsovie, Pologne, jeudi 30 janvier. 2025.

Blocage au Parlement faute de majorité libérale

L’avortement n’est actuellement autorisé en Pologne que si la grossesse résulte d’une agression sexuelle ou d’un inceste, ou si elle constitue une menace directe pour la vie ou la santé de la mère. L’aide à avorter est, par ailleurs, interdite et passible de trois ans de prison.

« L’avortement en Pologne est une réalité quotidienne », affirme toutefois le réseau pro-IVG Abortion Without Borders, selon lequel jusqu’à 150 000 avortements ont lieu chaque année dans le pays de tradition catholique. Les chiffres officiels ne font état que d’environ 780 lors des dix premiers mois de 2024 à travers les hôpitaux polonais.

Le premier ministre libéral, Donald Tusk, investi à la fin de 2023, s’était engagé pendant sa campagne à revenir sur la législation. Mais il a reconnu en août qu’il ne disposait « pas de majorité » au Parlement pour tenir sa promesse d’autoriser l’avortement jusqu’à la douzième semaine de grossesse. Une membre de la coalition gouvernementale a annoncé en janvier que la libéralisation du droit à l’avortement ne serait possible qu’après l’élection présidentielle du mois de mai, rapporte l’Agence France-Presse.

Quatre projets de loi visant à assouplir les règles sont débattus au sein d’une commission parlementaire, mais même s’ils obtiennent le vote faborable des députés, le président conservateur, Andrzej Duda, a d’ores et déjà prévenu qu’il s’y opposerait.

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Le Monde avec AFP

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