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Histoires Web dimanche, juin 16
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Au cœur de la guerre, il y a parfois des miracles qui passent inaperçus. Encerclés, blessés, isolés sur des positions où il était impossible de les secourir, cibles d’assauts et de bombardements russes, « le Motard » et « l’Agité » n’avaient théoriquement aucune chance de survivre. Le médecin militaire qui a réceptionné les deux combattants n’en revient toujours pas.

Dans une cave du Donbass servant de poste médical, l’officier voit pourtant arriver chaque nuit, des lignes de front, des dizaines de blessés, la guerre à jamais gravée dans leur corps. A l’entrée du poste de secours, sur le drapeau de la brigade accroché au mur, une main anonyme a ajouté une inscription au feutre noir : « De nos veines coule la liberté ».

Evacués en urgence du poste de secours, puis disparus dans le long cortège de centaines de blessés qui sont répartis chaque jour dans les hôpitaux à travers l’Ukraine, les deux hommes sont, trois jours plus tard, hospitalisés quelque part dans le centre du pays. Les deux soldats, intégrés dans une unité d’infanterie de première ligne, acceptent de raconter leur aventure à condition que leurs noms et leur unité ne soient pas mentionnés. Les pseudonymes choisis, « le Motard » et « l’Agité », sont des clins d’œil à des aspects de leur vie.

« Les Russes nous ont aussitôt mitraillés »

L’histoire commence un jour d’avril, lorsque l’unité du « Motard », composée de huit hommes, répartis deux par deux sur quatre positions militaires, doit être relevée. « Le soldat qui accompagnait la relève a été blessé, alors j’ai reçu l’ordre d’aller à leur rencontre, pour les guider », raconte le militaire.

Le sous-officier prend trois hommes avec lui et se met en chemin. « A un moment, nous sommes sortis d’un bosquet, et les Russes nous ont aussitôt mitraillés. Deux de mes hommes ont été tués, et j’ai été blessé à la jambe. » Il perd la trace du quatrième, qui survivra. « Le Motard » contacte son commandant par radio. « Grâce à un drone qui me voyait, il m’a guidé jusqu’à la position la plus proche, tenue par une autre unité de l’armée. C’est là qu’on m’a donné les premiers soins. » Une balle est entrée dans sa cuisse droite et ressortie par le genou, sans exploser l’articulation.

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« L’Agité », qui n’avait rejoint ses camarades sur le front que la veille, fait partie des hommes restés sur les positions. « Le Motard » étant parti avec la seule radio, ils n’ont plus aucune communication avec le commandement. Les Russes repassent à l’attaque encore plus violemment.

« Nous avons eu deux tués, et j’ai été blessé quatre jours après le départ du “Motard”. Un seul d’entre nous, K., était intact. » « L’Agité » reçoit un éclat d’obus dans la jambe gauche. « J’ai été enseveli dans la tranchée, recouvert de terre par l’explosion de l’obus. J’ai littéralement dû creuser un chemin pour remonter à la surface et respirer. » S’il avait été seul, son sort, « tué ou capturé » pense-t-il, aurait été scellé. Son camarade décide de résister. « K. m’a mis un bandage sur la jambe. Il m’a dit : “On ne se rend pas. On combat !” Il m’a sauvé la vie. »

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