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Traditionnellement, les élections européennes sont des scrutins porteurs pour les enjeux écologiques. L’échelle continentale est adéquate pour traiter la question climatique, et les partis qui s’en sont saisis ont souvent réalisé à cette occasion de bons scores électoraux. Pourtant, le scrutin du 9 juin ne se présente pas sous les meilleurs auspices. L’élan des marches pour le climat de 2019 s’est épuisé, le découragement face à l’ampleur du défi gagne du terrain et, un peu partout en Europe, les ambitions politiques sont revues à la baisse. La dynamique en faveur du climat semble se gripper au pire moment : celui où il faudrait au contraire l’accélérer.

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Le consensus scientifique sur le changement climatique est établi de longue date, et le climatoscepticisme reste marginal même s’il remonte. Malgré tout, la campagne de ces élections européennes a relégué le défi environnemental au second plan. Quant aux listes écologistes, la plupart sont en mauvaise posture dans les sondages.

D’autres préoccupations tendent à éclipser l’urgence environnementale : les tensions géopolitiques, le pouvoir d’achat et les flux migratoires. Surtout, l’agenda climatique est au milieu du gué. Le pacte vert européen, voté lors de la mandature qui s’achève, doit désormais être mis en œuvre au cours de la prochaine, provoquant le raidissement d’une partie de l’opinion face aux efforts qu’il reste à accomplir.

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Les partis d’extrême droite, et parfois de droite, ont compris que le moment devenait propice pour instrumentaliser l’enjeu climatique. Les questions sur le financement de la transition, le rythme de l’adaptation, les changements comportementaux auxquels il faudra consentir n’ont pas encore trouvé de réponses claires. Certains en profitent pour faire du détricotage des politiques climatiques la colonne vertébrale de leur programme. Prôner un tel recul est irresponsable, alors que le retard pris sur ce que préconise la communauté scientifique pour ralentir le réchauffement est déjà énorme.

L’Europe doit à tout prix éviter de s’engager dans cette impasse. Certes, des erreurs ont été commises. Trop longtemps, nous nous sommes laissé bercer d’illusions sur l’ampleur des changements qu’implique la transition climatique. Le coût est gigantesque, la remise en cause de notre confort à moyen terme est inéluctable. Pour n’avoir pas su préparer les esprits, le réveil est douloureux. Surtout nous n’avons toujours pas pleinement conscience du prix de l’inaction. La démagogie consistant à faire croire que les efforts à la marge suffiront à surmonter le défi est un leurre.

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L’écologie politique porte également sa part de responsabilité dans la situation actuelle. Le revirement de l’opinion, dès lors que la transition entrerait « dans le dur », a été mal anticipé. En France, les écologistes, minés par les guerres intestines, se sont dispersés sur les questions sociétales, au risque de brouiller les messages. Faute d’avoir su trouver un discours plus mobilisateur sur les enjeux environnementaux, ils sont devenus inaudibles dans cette campagne.

Si la bataille est mal engagée, elle n’est pas perdue. Les enquêtes d’opinion montrent que les Européens restent très concernés par les questions climatiques. C’est un levier précieux, à condition d’être capable de donner un nouveau souffle à cette conscience écologique. Pour cela, il faut convaincre que les efforts seront équitablement répartis, et que chacun en récoltera les bénéfices au travers de la préservation d’une qualité de vie dans le futur. D’immenses progrès restent à accomplir sur ces deux points.

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Le Monde

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