« Faire campagne me manque », a avoué Donald Trump dans un discours d’une heure et demie donné, mardi 29 avril dans le Michigan, devant ses partisans pour célébrer les cent jours de son deuxième mandat. De fait, sa prise de parole ressemblait à s’y méprendre aux meetings de sa campagne pour la présidentielle.
Vantant, sans preuve, les « 100 jours les plus réussis » de l’histoire américaine, après un début de mandat qui a ébranlé le monde et déstabilisé l’Amérique, le président américain a promis à ses soutiens réunis au Macomb Community College, de Warren : « Nous ne faisons que commencer ».
Joe Biden « l’endormi », les médias « menteurs », les juges « communistes », les pays alliés qui « nous ont pillés plus que nos adversaires en matière de commerce », les opposants démocrates traités de « gauchistes cinglés », le chef de la Réserve fédérale américaine, Jerome Powell, qui « ne fait pas du très bon boulot », l’idéologie « woke » et les éoliennes… Toutes les bêtes noires habituelles du président américain y sont passées.
Il a revendiqué ses opérations d’expulsions d’immigrés en situation irrégulière, traitant les migrants de « monstres ». « L’expulsion des envahisseurs n’est pas seulement une promesse de campagne, a déclaré Donald Trump. C’est mon devoir solennel en tant que commandant en chef. J’ai l’obligation de sauver notre pays. » La foule a scandé « USA ! USA ! » devant une vidéo montrant des hommes menottés et entravés, filmés en train de se faire raser la tête.
Le président américain a également défendu son offensive protectionniste, promesse selon lui d’un nouvel « âge d’or » économique, alors que ses valses hésitations sur les droits de douane ont affolé les marchés et semé l’inquiétude aussi bien aux Etats-Unis qu’à l’étranger. Plus tôt mardi, il a d’ailleurs signé un décret allégeant les taxes pour les constructeurs automobiles fabriquant aux Etats-Unis avec des pièces importées, notamment en évitant un cumul des droits de douane en vigueur depuis début avril.
En chute dans les sondages
« Trump 2028, ça vous parle ? », a lancé sur scène l’une des plus proches conseillères du républicain, Margo Martin, en référence à un hypothétique troisième mandat, ce que la Constitution interdit.
Malgré cette démonstration de force, les sondages d’opinion s’accordent pour constater une glissade abrupte de la cote de confiance du locataire de la Maison Blanche, nourrie principalement par les doutes sur l’économie. D’après un sondage publié dimanche par le Washington Post et ABC News, 39 % des Américains seulement « approuvent » la manière dont Donald Trump mène sa présidence.
« Trump n’a rien fait pour améliorer la vie des familles de la classe moyenne et ces dernières commencent à regretter leur choix », a assuré dans un communiqué le parti démocrate, qui souffre d’un profond discrédit selon les enquêtes d’opinion.
En cent jours, le président américain a bouleversé le rôle international de la première puissance mondiale, qui, à l’entendre, aurait tout intérêt à se replier sur une sphère d’influence régionale, étendue si possible au Groenland voire au Canada.
Le républicain a signé au total plus de 140 décrets – dont beaucoup ont été bloqués en justice – pour attaquer ses adversaires politiques, lancer une politique d’expulsions massives d’immigrés en situation irrégulière et démanteler la bureaucratie fédérale avec l’aide de son allié milliardaire Elon Musk.
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64 % des personnes interrogées dans le sondage Washington Post/ABC News jugent qu’il va « trop loin » dans sa tentative d’étendre les pouvoirs présidentiels.