Vainqueur de l’élection du 5 novembre, huit ans après son précédent succès, Donald Trump n’est pas encore revenu formellement à la Maison Blanche qu’il replonge déjà le secteur des énergies renouvelables dans l’incertitude, sinon l’inquiétude. C’est vrai dans son pays, mais aussi en Europe, à un degré moindre.
Le futur successeur de Joe Biden à la présidence des Etats-Unis suspendra-t-il dès son investiture, le 20 janvier 2025, tout nouveau projet d’éolien en mer ? Il en a proféré la menace durant la campagne, invoquant, sans preuve scientifique à l’appui, la nécessité de protéger les baleines contre d’éventuelles nuisances.
Et quid de l’Inflation Reduction Act (IRA), cette loi promulguée en août 2022 pour favoriser, entre autres, la fabrication locale de technologies comme l’éolien et le solaire ? Le milliardaire du camp conservateur l’a dit et redit : il compte bien s’attaquer à ce gigantesque plan de crédits d’impôts et de subventions (en principe autour de 370 milliards de dollars sur dix ans, soit 349 milliards d’euros), « une nouvelle arnaque verte » à supprimer pour tout ou partie, selon sa vision des choses, qui fait peu de cas de la lutte contre le dérèglement climatique.
En Bourse, l’incertitude a provoqué un premier effet. Réflexe chez les investisseurs, le 6 novembre, au lendemain de l’élection : le WilderHill Clean Energy Index, un indice de sociétés américaines tourant autour des énergies « propres », a enregistré une chute allant jusqu’à 6,7 %, selon Bloomberg. Et ce, notamment dans le domaine des panneaux solaires : en septembre, le candidat du Parti républicain s’était pourtant déclaré un « grand fan » de ces panneaux… avant d’émettre des réserves sur leur emprise foncière.
Les entreprises européennes veulent rassurer
Outre les véhicules électriques, M. Trump a surtout alimenté les critiques contre les projets d’éoliennes marines. Or, ces projets (« horribles », selon son mot) dépendent d’une approbation fédérale. De quoi préoccuper jusqu’en Europe, où le secteur compte des acteurs de premier rang, y compris à l’exportation. « Compte tenu des résultats » électoraux, « les risques pour les projets d’éoliennes en mer ont augmenté » outre-Atlantique, a reconnu le développeur allemand RWE, le 12 novembre. Engie mène trois dossiers de ce type, sans avoir encore commencé la phase de construction. En cas de blocage, l’énergéticien français estime la dépréciation inférieure à 400 millions d’euros. Un point d’interrogation concerne également les fabricants de câbles. « Car le déploiement des énergies renouvelables conditionne la taille du réseau électrique à raccorder », rappelle Michel Gioria, délégué général de l’organisation professionnelle France Renouvelables.
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