Depuis son élection pour un deuxième mandat il y a un an, le 5 novembre 2024, Donald Trump cultive le même et lancinant refrain sur la scène politique américaine : un discours de guerre civile. Il s’emploie à faire la paix à l’étranger ; il entretient le chaos à domicile. Le président appelle à la détestation de tout ce qui n’est pas MAGA – Make America Great Again, « rendre sa grandeur à l’Amérique », le slogan de ralliement trumpiste. Le républicain a divisé le pays en deux. Les « vrais » Américains sont MAGA, bien sûr ; les autres, « la gauche » – l’expression englobe volontiers les démocrates, élus et électeurs –, forment « l’ennemi de l’intérieur ».
A l’adresse de ces derniers, Trump confie publiquement qu’il n’éprouve qu’un seul sentiment : « la haine ». Fidèle à son premier mandat (2016-2020), l’assidu golfeur de Mar-a-Lago, sa résidence de Floride, exploite toutes les lignes de fracture des Etats-Unis. Il n’est pas là pour apaiser, unifier, cultiver le centre et prêcher la modération. Il gouverne en exacerbant la polarisation de l’opinion. Dans un pays marqué dès l’origine par l’Ancien Testament, Trump surjoue cette figure très américaine de l’opposition entre le Bien et le Mal, les bons et les méchants. Les démocrates, voilà la cible, qui fait l’objet d’une triple offensive – dans les rues, au Congrès et devant la justice.
C’est une première dans l’histoire de la république américaine : une milice gouvernementale masquée, ne portant ni nom ni matricule sur l’uniforme, mais lourdement armée. L’ICE (Immigration and Customs Enforcement) est la police de l’immigration. Depuis janvier, les rues des grandes villes démocrates voient défiler cette étonnante soldatesque en tenue de combat, masque noir sur le visage, véhicules sans immatriculation. Avec une particulière brutalité, elle chasse les immigrants illégaux – sans doute plus de 10 millions de personnes – devant les écoles où ils conduisent leurs enfants, sur leur lieu de travail, à l’hôpital, ailleurs encore.
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