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Le 6 avril, Place Vauban à Paris, Marine Le Pen, tout juste condamnée pour détournement de fonds publics, active une à une les cordes de l’antisystème, devant ses partisans : négation des faits, victimisation, dénonciation d’une « chasse aux sorcières », attaque des juges. En phase avec l’ère de la post-vérité, elle se compare à Martin Luther King. Une « fureur à la Donald Trump », analysait le New York Times, le 11 avril. Certes. Mais la cheffe de file du Rassemblement national (RN), qui sait que le président américain n’est pas populaire en France, se tient prudemment à distance, de peur d’être éclaboussée par ses excès. Trumpiste mais pas trop.

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Laurent Wauquiez, lui, n’a pas ces préventions. Le député Les Républicains a « fait du Trump » le 8 avril, en proposant dans Le JDNews d’envoyer les étrangers sous obligation de quitter le territoire français (OQTF) à Saint-Pierre-et-Miquelon. Comme quand Trump souhaitait transformer Gaza en Riviera, on croit à une fake news. Qu’importe si la proposition est réalisable ou non, il s’agit de cliver, de choquer, de fanatiser une base. Mettre en scène une supposée détermination contre une impuissance dénoncée. Une surenchère qui permet de gagner en visibilité, en échappant à toute responsabilité.

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La rhétorique du milliardaire Elon Musk a également irrigué les débats des députés qui examinaient le projet de loi sur la « simplification ». Les libéraux ont trouvé leur maître : il ne suffit plus de dégraisser, il faut « tronçonner ». Du macroniste Guillaume Kasbarian au très droitier Eric Ciotti, en passant par la numéro deux du parti Horizons, Christelle Morançais, la nomination de Musk au ministère de l’« efficacité gouvernementale » a fait des envieux. « Comme si chacun avait son moment trumpiste », résume le haut-commissaire au plan, Clément Beaune.

Donald Trump et la mise en scène de son imperium à peine abîmé par ses volte-face envahissent le champ politique. Fragilisés depuis la dissolution, qui a atomisé l’Assemblée et affaibli un peu plus les partis, les responsables politiques sont comme des lapins pris dans des phares, dans un mouvement de fascination-répulsion, copiant pour les uns, dénonçant, dans le vide, pour les autres. « Il est rare que les lames de fond venues des Etats-Unis soient sans répercussions dans la vie politique ici », observe l’ex-député socialiste Christian Paul, enseignant à Sciences Po Lyon. Lui ne voit pas de « clone de Trump » mais « un carburant idéologique antisystème, un poison violent contre la raison politique, d’autant plus qu’elle nage dans l’impuissance ».

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