Dans sa boutique de la rue principale de Guingamp (Côtes-d’Armor), Yoan Raoul décroche « avec soulagement » l’avis de disparition inquiétante de Morgane, 13 ans. Disparue lundi 25 novembre sur le chemin du collège, l’adolescente a été retrouvée vivante, mardi 10 décembre, à Coutances (Manche).
Un homme de 21 ans a été interpellé pour enlèvement et séquestration sur mineur de moins de 15 ans. « C’est à peu près tout ce que l’on sait pour l’instant, mais on respire de savoir Morgane en sécurité. Depuis sa disparition, l’ambiance était très lourde à Guingamp. Dans une commune de 7 000 habitants comme la nôtre, tout le monde était inquiet. On connaît tous, Morgane ou un de ses proches », a expliqué Yoan Raoul.
Comme beaucoup dans la sous-préfecture, le commerçant parle avec précaution de cette affaire qui a nourri son lot de rumeurs notamment à cause de l’énigmatique responsabilité des réseaux sociaux. « La loi me demande de rendre public des éléments pour éviter la propagation d’informations inexactes. Mais je veux respecter l’intimité de Morgane et de sa famille », a prévenu Nicolas Heitz, procureur de la République de Saint-Brieuc. Lors d’une conférence de presse, mercredi, il a retracé l’investigation qui a mobilisé quotidiennement soixante-dix gendarmes ainsi que d’importants moyens aquatiques, aériens, numériques. Un millier de personnes ont été entendues et plus d’une centaine ont été auditionnées.
Tout commence à 7 h 14, lundi 25 novembre. L’adolescente quitte le domicile familial de Pabu, une commune limitrophe de Guingamp. Sa mère la retient un instant et lui conseille d’emporter une « collation ». Le soir même, elles sont censées assister à une rencontre entre les parents et les professeurs. L’adolescente opine et part sur un « bisous, à ce soir ». Elle marche en direction de son arrêt de car, mais embarque dans un véhicule Citroën C1 bleu. Au volant, un homme de 21 ans. Il s’agit de l’un des « amis virtuels » de Morgane avec qui elle partage son mal-être depuis trois mois sur Snapchat.
Selon les premières auditions réalisées par les enquêteurs, l’adolescente lui aurait demandé de « venir la chercher » après une altercation au collège puis une vive dispute, au cours du week-end, avec ses parents. Ces derniers lui reprochaient un usage excessif des réseaux sociaux et d’avoir partagé des « images de nature à nuire à son image » selon le procureur. Dans le téléphone portable de Morgane, les forces de l’ordre découvrent des conversations avec plusieurs adultes. L’un d’eux est interpellé dans la Drôme dès les premiers jours de l’investigation. Il avait créé un profil Snapchat « au profit » de l’adolescente et détenait « plusieurs images à caractère pédopornographique ne concernant pas Morgane ».
Il vous reste 47.4% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.