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Histoires Web samedi, octobre 12
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APPLE TV+ – À LA DEMANDE – MINISÉRIE

Plus qu’une série d’auteur, Disclaimer est une série de cinéaste, qui lorgne ouvertement du côté du septième art tout en célébrant la liberté d’écriture et l’ampleur du format sériel. Il paraît donc assez naturel que, avant d’être mise à disposition des abonnés d’Apple TV+, elle fut projetée en avant-première sur grand écran par deux fois, aux festivals de Venise, puis de Toronto. Scénarisée par le Mexicain Alfonso Cuaron, qui revient aux affaires six ans après Roma (et un Lion d’or couronnant, pour la première fois, un film de plateforme) et qui en a également réalisé les sept épisodes, la série offre un écrin somptueux au matériau très dense du best-seller éponyme de Renée Knight (2015, paru en France chez Fleuve noir sous le titre Révélée).

The Perfect Stranger contient un disclaimer (« avertissement ») inhabituel, prévenant que « toute ressemblance avec la réalité n’est pas fortuite ». Ce court roman arrive un beau matin par la poste chez Catherine Ravenscroft (Cate Blanchett), une célèbre documentariste, et son contenu menace de faire voler sa vie en éclats. Abondamment distribué autour d’elle, le livre est l’œuvre de Stephen Brigstocke (Kevin Kline), un professeur à la retraite s’étant donné pour mission de détruire la vie de celle qu’il estime responsable de la mort de son propre fils. Elle dont le métier est de débusquer les vérités gênantes se trouve soudainement confrontée à un secret qu’elle tient fermement sous clé depuis vingt ans, et que son mari (Sacha Baron Cohen) et son fils Nicholas de 25 ans ignorent totalement.

Enfermée dans le mensonge

Disclaimer brouille les pistes dès son premier épisode, en faisant de Catherine une carriériste inconséquente et une mère désinvolte, dont les absences ont fait de son fils un jeune homme paumé, vendeur d’électroménager le jour, toxicomane la nuit. Vingt ans plus tôt, sous les traits de Leila George (belle révélation de la série), elle est une jeune mère au désir incandescent, en villégiature sur la côte italienne où son chemin croise celui de Jonathan, le fils de Stephen. Aucun des deux ne sortira indemne de cette rencontre, mais il faudra encore plusieurs allers et retours dans le temps (autant de détours de la mémoire balisés par d’élégantes ouvertures et fermetures à l’iris), pour rassembler les morceaux d’un puzzle éparpillés entre Londres et l’Italie, entre la mémoire de Stephen et celle de Catherine.

Avec un peu de préciosité littéraire, la série a recours à différentes voix off et plusieurs narrateurs pour incarner les perspectives et les points de vue sur les événements qui ont précipité la mort de Jonathan et enfermé Catherine dans le mensonge. Le dispositif n’est pas toujours clair et sonne parfois un peu artificiel, mais il met en relief à quel point, dans cette histoire, la vérité dépend de celui qui raconte. C’est au fil des épisodes, et à mesure que se dénudent les personnages, qu’une autre réalité va peu à peu se substituer au récit que Stephen a figé dans The Perfect Stranger. A ce moment-là, chacun se demandera ce qui lui a échappé, ce qu’il n’a pas su voir. Et Disclaimer de réaliser ce qui tient aujourd’hui du miracle : donner envie de la revoir aussitôt après l’avoir terminée.

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