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Christophe Moreau va devoir patienter avant de se trouver un successeur. L’ancien coureur de 54 ans est, et restera pour quelque temps encore, le dernier Français à avoir remporté une course par étapes de niveau World Tour – le plus élevé du circuit –, avec son succès sur le Critérium du Dauphiné, en 2007. Après dix-huit années d’une longue attente, l’espoir était pourtant permis pour le cyclisme tricolore, porté par Kévin Vauquelin sur le Tour de Suisse.

A l’arrivée de la 8ᵉ et dernière étape à Stockhütte, le Normand d’Arkéa B&B Hotels faisait grise mine, accablé par l’effort et la désillusion de ne pas avoir rempli son objectif. Quatrième du contre-la-montre à 1 min 40 s de Joao Almeida, il a cédé le maillot jaune de leader du classement général au coureur d’UAE Team Emirates, vainqueur de l’épreuve et par la même occasion de sa troisième étape en huit jours de course. Vauquelin termine tout de même deuxième de l’épreuve, à 1 min 07 sec du vainqueur, devant le Britannique Oscar, 3e à 1 min 58 s.

Avant cette ultime journée, Kévin Vauquelin ne possédait que trente-trois secondes d’avance sur le Portugais, futur lieutenant de Tadej Pogacar sur le Tour de France (5-27 juillet). Une marge bien maigre que le coureur de 24 ans souhaitait défendre seconde par seconde, coup de pédale par coup de pédale sur ce contre-la-montre, un exercice dans lequel il a déjà prouvé ses aptitudes (deuxième des championnats de France en 2024).

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Cette ultime étape du Tour de Suisse entre Beckenried et Stockhütte présentait cependant un profil bien particulier – 10 kilomètres d’ascension raide –, bien mieux taillé pour les qualités de grimpeur de Joao Almeida. Ce dernier a donc réitéré l’estocade portée à Lenny Martinez sur le Tour de Romandie, début mai : le Portugais avait dépossédé le Français de 21 ans du maillot de leader du classement général lors de la dernière étape, déjà à l’occasion d’un « chrono ».

« Je suis venu en pensant me prendre une claque »

Vainqueur de deux courses par étapes cette saison – l’Etoile de Bessèges, en février, et le Région Pays-de-la-Loire Tour, en avril –, Kévin Vauquelin se disait « déçu », dimanche, « parce qu’[il] avai[t] beaucoup d’attentes ». « Ça fait beaucoup d’émotions, beaucoup d’attentes sur moi-même », prolongeait-il, certainement peu habitué à prendre autant la lumière. Il faut dire que le coureur de Bayeux (Calvados), passé professionnel en 2022, n’avait en aucun cas anticipé une telle semaine.

Ce Tour de Suisse, qui n’était initialement pas prévu à son programme de courses, devait surtout l’aider à peaufiner sa préparation pour les prochaines échéances : les championnats de France (26-29 juin), aux Herbiers (Vendée), et le Tour de France (5-27 juillet). « Je suis venu en pensant prendre une claque, on ne visait vraiment pas le général. Je me retrouve à être deuxième du Tour de Suisse, (…) c’est juste phénoménal », s’est félicité Vauquelin.

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Il a finalement été propulsé aux premiers rôles au terme de la première étape, dimanche 15 juin, au cours de laquelle les favoris de l’épreuve avaient été piégés par l’échappée. Romain Grégoire (Groupama-FDJ) prenait alors le maillot jaune de leader, tandis que Kévin Vauquelin, 2ᵉ, possédait près de trois minutes d’avance sur Joao Almeida. Une petite erreur stratégique des meilleures équipes dont a profité le Normand, maillot jaune à partir de la 5ᵉ étape.

Tout au long de la semaine, le coureur d’Arkéa B&B Hotels a cherché à résister au retour du Portugais, qui estimait, un temps, « impossible » de renverser ce Tour de Suisse. Il y est finalement parvenu lors du contre-la-montre final. « On a fait une petite erreur [lors de la première étape] qui nous a beaucoup coûté, mais on a réussi à la réparer donc je suis très content. (…) C’est une leçon, il ne faut jamais renoncer », assurait celui qui a remporté, dimanche, sa troisième course par étapes World Tour de la saison.

Un joli coup de projecteur

Malgré ce dénouement malheureux, Kévin Vauquelin a démontré une fois de plus les qualités qui font de lui l’un des coureurs les plus en vue de la nouvelle génération tricolore : solide en montagne, explosif et à l’aise sur le contre-la-montre, l’ancien pistard installé dans le sud-est de la France aura certainement d’autres cartes à jouer dans les années à venir sur des courses par étapes de niveau World Tour.

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Deuxième de la Flèche wallonne en 2024 puis en 2025 – derrière Tadej Pogacar –, le Normand s’était fait connaître du grand public en remportant la 2ᵉ étape du Tour de France 2024, à Bologne (Italie). Une performance que son équipe aimerait le voir rééditer lors de l’édition 2025 de la Grande Boucle. Cette deuxième place sur le Tour de Suisse pourrait l’y aider. « En une semaine, j’ai passé des paliers dans ma carrière », s’est enorgueilli le Français, dimanche.

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Kévin Vauquelin en a aussi profité pour s’offrir un joli coup de projecteur, son contrat avec son équipe se terminant à la fin de la saison. Ces quelques jours passés en jaune n’auront pas manqué d’attirer l’œil des responsables de certaines formations. Mauro Gianetti, celui d’UAE Team Emirates, où évoluent Tadej Pogacar et d’autres grands coureurs, a déjà confessé apprécier le profil du Français. Pour ce dernier, ce dimanche fut cruel, mais l’avenir s’annonce brillant.

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