Meilleures Actions
Histoires Web samedi, décembre 21
Bulletin

Peu d’entreprises peuvent se targuer d’avoir employé des chercheurs devenus lauréats du prix Nobel. Encore loin des historiques IBM (six Nobel) ou Bell labs (dix Nobel), Google-DeepMind en fait partie et même doublement, puisque deux de ces prestigieuses distinctions ont été accordées, mardi 8 et mercredi 9 octobre à trois scientifiques qu’elle a comptés dans ses rangs : Geoffrey Hinton en physique puis Demis Hassabis et John Jumper. Ce coup de publicité positive illustre aussi le poids pris par le géant du numérique dans la recherche sur l’intelligence artificielle (IA).

Lire aussi | Le prix Nobel de chimie 2024 est attribué à David Baker, Demis Hassabis et John Jumper pour leurs travaux sur les protéines

Né en 1998 comme un moteur de recherche en ligne, Google bénéficie aujourd’hui du fait d’avoir assez tôt investi dans l’IA. Dans un secteur très concurrentiel avec l’arrivée de nouveaux venus comme OpenAI, le créateur de ChatGPT, l’entreprise rappelle régulièrement avoir dès 2001 utilisé « l’apprentissage machine » pour créer un correcteur orthographique des requêtes des utilisateurs sur son moteur.

Google s’enorgueillit aussi à juste titre d’avoir publié certains articles de recherche marquant du secteur, dont l’architecture Transformers parue en 2017, sur laquelle s’appuient les grands modèles de langage devenus célèbres dans le grand public ces deux dernières années avec le lancement de robots conversationnel comme ChatGPT ou Gemini, son homologue-maison.

Lire le décryptage : Article réservé à nos abonnés Comment Google cherche à rester au premier plan dans l’intelligence artificielle

Débauchage par des entreprises de la Silicon Valley

Les deux Nobel reflètent également la puissance financière et tactique des géants du numérique, qui ont acquis des positions clés dans l’IA grâce à leur force dans leurs services d’origine, comme la recherche en ligne ou les réseaux sociaux. En effet, le Britannique Geoffrey Hinton est au départ un académique couronné du prix Turing – sorte de Nobel de l’IA – pour ses travaux sur les réseaux de neurones à l’université de Toronto. Il a été attiré par Google en 2013, la même année où son co-lauréat français, Yann LeCun, a lui rejoint Facebook (futur Meta). Le débauchage par de grandes entreprises de la Silicon Valley de deux des trois « parrains de l’IA » avait frappé les esprits. Seul Yoshua Bengio est resté à plein temps à l’université de Montréal (M. Hinton a lui quitté Google en 2023, à 76 ans).

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Avec Isomorphic Labs, Google DeepMind veut « modéliser la biologie » grâce à l’IA

DeepMind était, elle, une start-up créée à Londres en 2010. Google l’a rachetée en 2014 pour 625 millions de dollars, intégrant Demis Hassabis et ses deux autres cofondateurs. Longtemps assez indépendante et tournée vers la recherche fondamentale, DeepMind a été fusionnée en 2023 avec l’équipe de chercheurs en IA de Google baptisée « brain ». Propulsé à la tête de l’ensemble, M. Hassabis a notamment créé Isomorphic Labs, une filiale consacrée à la commercialisation dans la santé des recherches sur la modélisation des protéines récompensées par le Nobel. Les prix reçus cette semaine risquent d’alimenter les craintes de voir l’IA dominée par les géants du numérique.

Share.
© 2024 Mahalsa France. Tous droits réservés.