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L’ordre est venu de l’Elysée et devait rester secret pour ne pas froisser la susceptibilité du régime de Pékin. Le chef de poste, à Paris, du ministère de la sécurité de l’Etat (MSE ou Guoanbu), les services secrets chinois, à l’ambassade de Chine, et son adjoint ont été priés de quitter le territoire français. Paris leur reproche notamment d’avoir orchestré, en mars, une tentative de rapatriement forcé d’un dissident politique. Les autorités chinoises ont plaidé le malentendu et déployé beaucoup d’énergie pour démontrer leur bonne foi. En vain. L’information a été confirmée au Monde au sein du Quai d’Orsay, qui a précisé qu’il s’agissait, dans ce cas précis, d’une procédure « de gré à gré ».

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Le 22 mars, une scène peu commune avait attiré l’attention de la police aux frontières (anciennement police de l’air et des frontières, PAF) de l’aéroport de Roissy – Charles-de-Gaulle. Sous les yeux des policiers, un homme était contraint dans ses mouvements par un groupe de sept individus, qui le menait, malgré sa résistance, vers les portes d’embarquement. L’intervention de la PAF a mis fin au projet de rapatrier de force, en Chine, Ling Huazhan, un dissident chinois de 26 ans, que la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) décrit comme « une personne fragile psychologiquement ».

Après enquête, il est apparu que celui qui dirigeait le groupe de kidnappeurs n’était autre que le chef de poste, en France, du MSE chinois. Comme l’ensemble des officiers de liaisons des services étrangers, il était déclaré comme tel au ministère des affaires étrangères et possède un passeport officiel qui lui garantit une immunité diplomatique. Son adjoint jouit du même type de protection.

« Pressions »

Ling Huazhan, vivait seul et de manière précaire près de la gare Saint-Lazare, après s’être réfugié en Europe. Il est visé par la Chine pour « action offensante à l’égard du président chinois » pour des graffitis anti-Xi Jinping et des dégradations d’affiches à l’effigie de ce dernier. Il aurait également relayé des articles critiques contre le régime chinois sur les réseaux sociaux. La détention de son passeport a servi de moyen de pression pour l’emmener à l’aéroport.

Son document d’identité lui aurait été subtilisé dans un commerce tenu par des Chinois près de la gare Saint-Lazare. Selon la DGSI, ce lieu ferait office de « station de police » fantôme, utilisée par Pékin dans le monde entier pour faire régner sa propre loi, notamment à l’encontre de ses opposants. Il en existerait plusieurs à Paris et sur le territoire français.

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