Pour lutter contre les déserts médicaux, le premier ministre, François Bayrou, a dévoilé vendredi 25 avril son plan, à l’occasion d’un déplacement dans le Cantal. Le chef du gouvernement a annoncé son ambition d’imposer aux médecins jusqu’à deux jours par mois de temps de consultation dans les zones prioritaires du territoire.
Alors que 6 millions de Français n’avaient pas de médecin traitant en 2024, ce « principe de solidarité » du corps médical est présenté par M. Bayrou comme une contre-proposition à la « fin de la liberté d’installation » des médecins. Cette « régulation autoritaire », rejetée par M. Bayrou et dénoncée par les médecins, est inscrite dans une proposition de loi transpartisane dont l’article-clé a été adopté contre l’avis du gouvernement au début d’avril par l’Assemblée nationale, et dont l’examen de la suite du texte est prévu au début de mai.
Cette mesure de régulation rencontre une vive opposition chez les médecins qui comptent manifester le 29 avril dans toute la France, tandis que les jeunes médecins ont lancé un appel à une grève dure avec fermeture des cabinets à partir du 28 avril.
Le premier ministre a toutefois appelé à « un changement radical » en défendant sa mesure, souhaitant « une volonté de rééquilibrage du territoire, dont 87 % est classé en désert médical. Le gouvernement appelle à un renouveau ». Ainsi, les médecins – généralistes et spécialistes – qui exercent dans « un territoire bien pourvu » devront, « une ou deux fois par mois, s’organiser pour faire des consultations dans les zones rouges », a fait savoir le premier ministre. Il s’agit, selon M. Bayrou, de « mettre en place un nouveau principe de responsabilité et de solidarité territoriale avec tous les professionnels de santé, et notamment tous les médecins ».
Pour le premier ministre, l’existence de déserts médicaux donne le sentiment « à certains de nos compatriotes qu’ils ne comptent plus, que leurs soucis de santé ne sont plus une priorité ». « Nous devons apporter des réponses, vraies, plus rapides, plus massives, pour résorber immédiatement les déserts médicaux en situation les plus difficiles, à commencer par les zones qui en ont le plus besoin », a-t-il ensuite déclaré.
« 80 millions de consultations supplémentaires par an »
L’exécutif souhaite une cartographie des zones particulièrement prioritaires, dites « zones rouges ». Cette cartographie sera réalisée « dans le mois qui vient par les agences régionales de santé en lien étroit avec leur préfet et [leurs] élus locaux » et sera actualisée en temps réel, a précisé M. Bayrou. « Les préfets n’interviendraient qu’en l’absence de réponse locale. Des contreparties financières seront bien sûr mises en place », a-t-il affirmé.
Ce plan en quatre « axes » présenté par le gouvernement doit rendre disponible « 80 millions de consultations supplémentaires par an » dans les zones en difficulté, assure François Bayrou. Le deuxième levier sur lequel le gouvernement veut agir part d’une constatation : 50 % des médecins généralistes formés exercent à moins de 85 kilomètres de leur lieu de naissance, une installation sur deux est située à moins de 43 kilomètres de l’université d’internat.
Le gouvernement entend ainsi développer massivement les stages en « territoires sous-denses » pour les étudiants en médecine. Chaque département – les trois-quarts le sont aujourd’hui – devra être pourvu d’une première année aux études de santé. Le gouvernement veut par ailleurs confier de nouveaux actes aux autres professionnels de santé.
L’idée est de « permettre au plus de jeunes possible d’accéder aux études de santé, au plus près de leur territoire », de « recruter dans les territoires ruraux ou moins favorisés », a expliqué une source gouvernementale auprès de l’Agence France-Presse.
François Bayrou a ajouté que le troisième axe se concentrerait sur l’union des compétences ; enfin, le dernier objectif serait de créer des conditions d’accueil attractives, que ce soit pour les étudiants comme pour les professionnels de santé.