Un gorille se balade dans la rue avec son cochon de compagnie, tombe nez à nez avec des femmes voilées faisant la queue devant la Caisse d’allocations familiales, et libère le porc sur ces dernières pour les faire fuir. Voilà, dans les grandes lignes, le contenu d’une des nombreuses vidéos racistes à succès sur TikTok. Avec une précision importante : elle est intégralement conçue avec Veo 3, le dernier outil de génération vidéo par intelligence artificielle de Google.
Le temps où ces vidéos suscitaient l’hilarité générale par leurs approximations visuelles grossières est révolu. Malgré quelques accrocs, les modèles comme Veo 3 s’approchent désormais d’un réalisme bluffant. Quelques heures après sa sortie publique, en mai, les réseaux sociaux étaient inondés de vidéos artificielles reproduisant des formats très populaires sur Internet, du micro-trottoir au vlog filmé en selfie. Un flot continu… souvent alimenté par des stéréotypes à l’encontre des personnes noires, arabes, asiatiques ou encore juives.
« Associer l’homme noir au singe »
Le Monde a ainsi identifié 17 comptes français publiant ce genre de contenus et agrégeant chacun au moins plusieurs centaines de milliers de vues, principalement sur TikTok. Tous les clichés s’y retrouvent. Ici, deux enfants noirs s’affrontent dans un ring autour d’un bucket (seau) de poulet KFC. Là, une femme blonde se filme dans une cave entourée de huit hommes noirs torse nu. « Salut Papa, je t’envoie cette vidéo pour te dire que je vais me faire prendre comme une [pute] », dit-elle.
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