Vous avez bu un verre de moins que l’objectif journalier que vous vous étiez fixé et le soir, cette notification sur votre téléphone : « On y est presque ! Plus que 12 cl aujourd’hui. » Un dernier verre d’eau qu’une fois avalé, il vous faudra enregistrer sur l’application Waterllama sous peine de perdre votre « streak » – c’est-à-dire votre « série » de jours de réussite consécutifs. Apple Fitness, Duolingo, Snapchat, BeReal, Kindle ou WeReward : les applications qui tiennent les comptes de nos « streaks » se multiplient, façon de nous faire revenir chaque jour – et de nous faire culpabiliser dans le cas contraire. Depuis quand prêtons-nous autant d’importance à ce flot ininterrompu de minuscules récompenses ?
Le streak est l’héritier de deux principes : la récompense à la connexion quotidienne et la sanction à l’irrégularité, généralisés par les jeux gratuits qui se répandent sur Facebook à partir de 2007 et se financent grâce aux microtransactions, à la revente des données et aux publicités. « Plus on va vous retenir, plus vous allez divulguer de la donnée qui a de la valeur pour les éditeurs », résume Julien Pillot, docteur en économie à l’université de Nice et spécialisé dans les jeux vidéo.
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