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Des propos qui ne passent pas, alors que des dégradations de permanences parlementaires ont été recensées ces dernières semaines, sur fond d’examen de la loi « Duplomb ». Des députés de gauche ont accusé la ministre de l’agriculture Annie Genevard d’avoir incité les agriculteurs à les prendre pour cible, mardi 27 mai, après des propos rapportés par La Dépêche du Midi ; elle aurait déclaré lors d’une rencontre avec des responsables agricoles, la semaine passée : « Il faut cibler les élus de gauche. » Mais la ministre réfute tout appel à la violence et estime que la phrase a été « sortie de son contexte ».

« “Ciblez les élus de gauche !”, cet appel honteux au ciblage d’élus de la République est celui de la ministre de l’agriculture. Inadmissible dérive », a publié sur X le premier secrétaire du Parti socialiste et député de Seine-et-Marne, Olivier Faure. Lors des questions au gouvernement, le patron des députés socialistes, Boris Vallaud, a même interpellé le premier ministre, François Bayrou, en accusant sa ministre de l’agriculture d’avoir appelé « à la violence politique ».

D’après les propos rapportés par La Dépêche du Midi, la ministre a fait cette déclaration à la fin d’une rencontre mercredi dernier avec des agriculteurs dans le Tarn-et-Garonne, tandis qu’ils échangeaient au sujet de la proposition de loi agricole dite « Duplomb ». Alors que les agriculteurs exprimaient leur crainte que le texte « soit vidé de sa
substance »
en raison des amendements déposés en nombre par des élus écologistes et « insoumis », Mme Genevard leur aurait répondu : « Il faut cibler les élus de gauche ».
« Des propos qui ont choqué, et pas que les élus de gauche qui les ont entendus », selon le quotidien.

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« Inciter les agriculteurs au dialogue avec leurs députés »

« Ce qu’a dit la ministre de l’agriculture, ce n’est pas de “cibler”. Elle a demandé aux agriculteurs d’expliquer à leurs élus quel était le texte », a toutefois répondu mardi M. Bayrou dans l’Hémicycle, démentant « qu’il y ait de la part du gouvernement la moindre pression sur les élus », sous les protestations des députés de gauche.

Plus tôt sur X, la ministre avait elle-même dénoncé une « polémique montée de toutes pièces ». « Faire croire à un appel à la violence est malhonnête. J’ai toujours appelé au respect et à la liberté de vote des parlementaires. Mon objectif était d’inciter les agriculteurs au dialogue avec leurs députés », a-t-elle assuré.

Mais mardi dans l’Hémicycle, Clémence Guetté, vice-présidente du groupe La France insoumise (LFI), a elle aussi dénoncé cette sortie jugée « irresponsable » de la ministre, « alors que des élus sont harcelés et leurs permanences dégradées par des militants violents ». Le député du groupe écologiste, Benjamin Lucas, a lui annoncé qu’il avait saisi la « procureure de la République ».

Ces échanges tendus au Palais Bourbon ont eu lieu au lendemain du rejet tactique de la proposition de loi « Duplomb », qui divise l’Assemblée notamment sur la question de la réintroduction dérogatoire de certains pesticides néonicotinoïdes. Les députés du bloc central, de la droite et de l’extrême droite, qui soutiennent le texte, ont décidé lundi de le rejeter avant son examen dans l’Hémicycle, pour qu’il puisse poursuivre son chemin parlementaire en commission mixte paritaire. Usant ainsi des procédures pour contourner la masse d’amendements députés par les élus écologistes et « insoumis ».

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Une stratégie défendue mardi par M. Bayrou, contre « une tentative de blocage pour faire que ce texte ne puisse pas être examiné ». « Je pense qu’il faut que nous trouvions une manière d’organiser les dialogues et les débats de manière que le Parlement puisse pleinement jouer son rôle, qu’il ne soit pas entièrement bloqué par tel ou tel groupe », a-t-il ajouté.

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L’examen de cette loi en commission s’est fait sous pression ces dernières semaines, plusieurs permanences de parlementaires ayant été la cible de dégradations. La présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, a fustigé des « pressions » et des « actes d’intimidation » contre les élus. Dans un communiqué paru lundi, le préfet de Gironde a condamné la dégradation de deux permanences parlementaires d’élus de gauche – celles des députés Loïc Prud’homme (Gironde, LFI) et Nicolas Thierry (Gironde, Les Ecologistes) – survenues « entre samedi soir et ce lundi », dénonçant « des actes inacceptables ». Une enquête a été ouverte.

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Le Monde avec AFP

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