Mot d’ordre : faire bouger les lignes de l’intérieur. Des collectifs de salariés – la plupart du temps sans structure juridique – ont décidé de s’emparer de la question écologique au sein de leur entreprise. En effet, même si la loi Climat et résilience du 22 août 2021 a ajouté les enjeux environnementaux aux prérogatives des comités sociaux et économiques (CSE), ils sont encore peu mis en avant.
A ce jour, l’association Les Collectifs, créée en 2021, fédère des groupements présents dans 250 entreprises, dont 120 sont pleinement opérationnels. Sa mission : « Les connecter afin qu’ils puissent mener des actions en commun et s’entraider, notamment au moment de la création », explique Paul Chalabreysse, en charge de la coordination de l’association.
Ces groupes informels, dont la taille varie de 5 à 2 000 personnes selon les entreprises, réunissent des salariés bénévoles, dont les actions vont de la sensibilisation à la question écologique, par le biais d’ateliers, de conférences ou de campagnes d’information, à la transformation des métiers, en passant par des actions sur les pratiques internes de l’entreprise (économies d’énergie, promotion des mobilités douces, gestion des déchets, changement de la restauration d’entreprise… ). Parmi ces collectifs : Le Rhizome chez EDF, Planet A chez Alstom, Earthforce chez Salesforce, Suez Acts for the Planet chez Suez, Canopée chez bioMérieux, ou encore Go Green au Boston Consulting Group.
« Ce phénomène des collectifs est générationnel. Il concerne principalement des moins de 40 ans et des cadres qui, à la suite d’un déclic écologique personnel, aspirent à un travail compatible avec leurs valeurs », précise Gaëtan Brisepierre, sociologue, auteur du rapport « La mobilisation écologique des salariés », une synthèse du projet Ecotaf, de novembre 2023. « Les entreprises ayant un effet de levier sur la société, cela leur semble la méthode la plus efficace », ajoute-t-il.
Un « accueil plutôt favorable »
Côté direction, « l’accueil est plutôt favorable, constate Paul Chalabreysse, sauf si l’entreprise est mise devant le fait accompli. C’est pour elle une chance de profiter de cette mobilisation de l’intelligence collective ». Quentin Bordet, cofondateur et président de l’association Les Collectifs, poursuit : « Nous ne sommes pas dans une logique conflictuelle ou de contre-pouvoir mais dans une démarche de “pour-pouvoir”, en étant force de proposition, d’interrogation et d’action. »
Il vous reste 61.16% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.