Les quatre cadres venus de Taïwan étaient employés de Foxconn, le géant de la sous-traitance taïwanais qui produit pour Apple en Chine. Deux étaient basés à Zhengzhou, dans le centre de la Chine, où est située l’usine la plus importante de la planète pour la marque californienne car on y produit notamment l’iPhone 16, et deux vivaient à Shenzhen, la ville de la tech à la frontière avec Hongkong. Tous travaillaient sur l’ingénierie et la gestion des fournisseurs de la chaîne d’assemblage du dernier iPhone.
Les policiers en civil sont venus les arrêter dans les locaux de Foxconn, l’un en janvier, un autre en mars et deux en avril. Ils ont été accusés d’abus de confiance et de détournement de fonds, quand bien même Foxconn dit n’avoir subi aucune perte ou dommage. Les autorités taïwanaises ont qualifié le cas d’« étrange » et craignent un « abus de pouvoir » policier. Les proches suspectent une forme de rançonnement.
Le cas des quatre salariés de Foxconn envoie un signal glaçant pour les Taïwanais résidant pour raisons professionnelles ou familiales sur le continent. « Il est devenu risqué d’être taïwanais en Chine. Ils sont partis au boulot un matin puis ont disparu pour se voir accusés d’être des malfrats. Si cela arrive à des gens de Foxconn, ça peut arriver à n’importe qui. Apple devrait directement se soucier de leur cas », dit au Monde un de leur proche. Selon nos informations, les employés ont été détenus lumières allumées, l’un d’eux très grand maintenu dans une cellule particulièrement petite, et contraints à des aveux forcés de faits délictueux, qu’ils devaient modifier s’ils ne correspondaient pas aux demandes des policiers.
Exercices militaires
L’affaire intervient alors que les relations ne cessent de se dégrader dans le détroit où Pékin, qui revendique l’île comme une de ses provinces, multiplie les mises en garde depuis qu’a été élu à Taipei en janvier un nouveau président particulièrement critique du pouvoir chinois, Lai Ching-te. L’armée chinoise a ainsi lancé, lundi 14 octobre, de nouveaux exercices militaires simulant un blocus des ports de l’île et des frappes « sur des cibles en mer et à terre », des opérations présentées comme un « sérieux avertissement » à l’égard de Taïwan, qui a décrété l’état d’alerte renforcé.
Depuis plusieurs mois, Taïwan craint que la Chine n’utilise la détention de certains de ses ressortissants comme moyen de pression contre le président Lai. En juin, les autorités taïwanaises ont conseillé d’éviter de se rendre en Chine sauf nécessité impérative. Ce même mois, Pékin avait présenté une nouvelle directive permettant de punir de peines allant jusqu’à l’emprisonnement à perpétuité ou à l’exécution les activités relevant de la « sécession » sur Taïwan. Le 26 août, un Taïwanais résidant en Chine pour participer à des compétitions de jeu de go, Yang Chih-yuan, a été condamné à neuf ans de prison pour avoir, par le passé, créé à Taïwan un petit parti politique et milité pour la reconnaissance de l’île comme Etat aux Nations unies.
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