Difficile de savoir à près de 19 000 km de Wellington (Nouvelle-Zélande) ce qui s’est dit dans le vestiaire des All Blacks cette semaine. Mais à voir la leçon de rugby infligée par les hommes à la fougère au XV de France (43-10), samedi 12 juillet, dans le Sky Stadium, nul doute que le coach néo-zélandais Scott Robertson a su trouver les mots pour piquer au vif ses joueurs. Il n’avait pas vraiment le choix, mis sous pression par tout un pays après la courte victoire des siens (31-27) contre un XV de France bis décomplexé, une semaine plus tôt.
Coupables de nombreuses fautes de main à Dunedin, les All Blacks ont rectifié le tir samedi. Le capitaine Ardie Savea (auteur d’un essai) et ses coéquipiers ont fait étalage de leur jeu de mouvement tout en vitesse. Une science qu’ils maîtrisent à la perfection, à l’image du premier essai inscrit par le demi de mêlée Cameron Roigard après une combinaison parfaitement huilée dans le côté fermé à la suite d’une touche. « Nous devons être plus cliniques dans les zones importantes du terrain et conclure nos actions », avait rappelé Ardie Savea pendant la semaine. Le troisième ligne et ses hommes, impériaux en conquête et à l’impact, se sont montrés chirurgicaux samedi sur la pelouse du Sky Stadium, battu par les vents.
Les Bleus n’ont, eux, pas su réitérer leur performance de Dunedin. Beaucoup trop de pénalités concédées, de ballons perdus, de fautes de main, une conquête mise au supplice… « Ils ont été vraiment meilleurs que nous, ils ont déroulé leur rugby. Ils nous ont mis à la faute, nous ont bousculés devant », a reconnu, impuissant au micro de Canal+, le talonneur et capitaine français Gaëtan Barlot. « C’était un match difficile à vivre. Il y a une différence entre les deux équipes, il n’y a pas photo », s’est incliné de son côté Fabien Galthié, le sélectionneur français, qui pointait les trop nombreuses fautes de ses joueurs en première période pour pouvoir rivaliser.
Large revue d’effectif
Gaëtan Barlot réclamait pourtant la veille du match de « faire comme la semaine dernière ». « Il faudra être présent en défense, savoir cogner, leur faire mal, et enchaîner les tâches. C’est là où c’est dur pour eux, ils voient que tu cognes et tu te relèves, c’est ça qu’il faut savoir refaire demain », détaillait le Castrais. Mais cette fois, les Bleus ont ployé dès le début du match sous les assauts néo-zélandais. Et même s’ils ont fait jeu égal en seconde période avec les All Blacks grâce à deux essais de Léo Barré (47e minute) et Joshua Brennan (78e), l’addition est salée pour les joueurs de Fabien Galthié : six essais concédés, faisant resurgir la litanie des corrections infligées aux Bleus par les hommes en noir. Dont la dernière, en juin 2018, à Dunedin (49-14).
Pour ce deuxième test-match, le technicien lotois avait mis plusieurs cadres au repos et procédé à une large revue d’effectif (dix changements), convoquant six joueurs vierges de sélection chez les Bleus : le pilier Baptiste Erdocio, les deuxièmes lignes Joshua Brennan et Matthias Halagahu, les troisièmes ligne Pierre Bochaton et Bastien Vergnes-Taillefer ainsi que le demi de mêlée Thibault Daubagna. Particulièrement inexpérimenté, mais renforcé de quatre des cinq finalistes du Top 14 appelés pour la tournée d’été, le XV titulaire cumulait samedi seulement 63 capes internationales ; cinq All Blacks en affichaient chacun davantage sur le terrain, dont Beauden Barrett, le plus capé (135).
Il y a une semaine, dans le sillage du capitaine Gaël Fickou ou du jeune Palois Théo Attissogbe – félicité par la presse locale –, les hommes de Fabien Galthié, à défaut de grandes chevauchées, avaient su faire bloc contre les attaques des hommes en noir. Ils avaient même eu une balle de match en mains, à moins de cinq minutes du terme. Le hold up était presque parfait, nourri à l’orgueil. Privés de leurs meilleurs joueurs (Thomas Ramos, Damian Penaud ou encore Louis Bielle-Biarrey) en raison du calendrier à rallonge du rugby français, les Bleus avaient en effet répondu sur le terrain aux critiques acerbes des suiveurs néo-zélandais. A l’image de l’ex-demi de mêlée des All Blacks Justin Marshall, l’un des plus remontés, qui dénonçait un « manque de respect ».
L’effet de surprise de Dunedin n’a donc pas pris à Wellington. Il reste un match, samedi 19 juillet à Hamilton, à Fabien Galthié et ses hommes pour tenter de décrocher une victoire en terre néo-zélandaise. Le dernier succès tricolore chez les All Blacks remonte à 2009, Thierry Dusautoir et ses coéquipiers s’étaient alors imposés 27 à 22 à Dunedin.