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Histoires Web mardi, janvier 21
Bulletin

[Le récit de Gérard Davet et Fabrice Lhomme, auteurs de Les Juges et l’Assassin (Flammarion, 448 pages, 23 euros), s’appuie notamment sur une documentation très abondante, extraite en partie de la procédure judiciaire ouverte devant la Cour de justice de la République (CJR). Ainsi, les échanges mentionnés entre les différents protagonistes proviennent d’e-mails, de SMS ou de notes figurant au dossier des juges chargés de l’enquête.]

Le 22 janvier 2020, une patiente chinoise originaire de Wuhan est hospitalisée à l’hôpital Bichat, à Paris. Elle souffre d’une forte fièvre. Avenue de Ségur [le ministère de la santé], la température monte aussi. « C’est exponentiel, non ? », s’inquiète [Agnès] Buzyn [la ministre]. Fausse alerte : apparemment, la touriste venue de Chine souffre d’une autre affection. Ouf… Malgré tout, il est temps de déployer des dispositifs pour prendre la température des passagers dans les aéroports. « Il faut s’assurer que nous avons des détecteurs… pas gagné », s’irrite [Jérôme] Salomon [le directeur général de la santé]. « Je sais, on a raison scientifiquement, mais on aura tort politiquement », lui répond Buzyn. Un tel arsenal a été mis en place pour le virus Ebola, en 2014, mais dans le cas présent, l’amplitude est bien plus large (au moins trois vols directs hebdomadaires entre Wuhan et Paris), et surtout le matériel manque. « Peut-être prendre les devants et dire pourquoi on ne le fera jamais », préconise d’ailleurs Buzyn.

Quoi qu’il en soit, avenue de Ségur, on s’organise : Jérôme Salomon décrète le passage du Corruss, le fameux Centre de régulation et de réponse aux urgences sanitaires et sociales, en alerte de phase 2, dite renforcée.

Le 23 janvier, la ministre de la santé s’impatiente. Tout est trop lent, trop lourd. Il y a tellement d’instances, de structures, de textes et de personnes impliqués… « Bonjour Edouard [Philippe], écrit-elle au premier ministre. Puis-je te parler un instant de la gestion de crise du coronavirus ? J’ai besoin qu’on nous voie à l’œuvre sans attendre une décision de l’OMS et surtout que les douanes, la police, ne se mettent pas à porter des masques dans leur coin (…). Il faut une coordination. » Le même jour, l’OMS s’est résolue à ne pas lancer immédiatement le processus d’alerte internationale, ce que l’organisation appelle, dans son jargon, l’Usppi (urgence de santé publique de portée internationale). Dommage, cela aurait pu mobiliser les exécutifs de tous les pays. (…)

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