Le sourire d’un enfant d’à peine 1 an éclaire le fond d’écran de son portable. Premiers cheveux bruns en bataille, regard éveillé et amusé, il tient entre ses mains un livre musical. Puis d’autres images, encore plus récentes : le petit garçon porte un pyjama rouge et blanc aux couleurs de Noël et met un poupon dans sa bouche. Sur celle d’après, il joue sur un tapis de jeu. Il rit, là aussi. « Je n’ai jamais vu mon fils en vrai depuis », regrette Thelma (le prénom a été changé, comme celui de toutes les personnes citées par leur prénom), 18 ans, en faisant défiler les photos reçues sur son téléphone sous les yeux de son avocate, Amina Saadaoui.
Depuis ? Depuis le 20 octobre 2023 au matin, quand la jeune fille accouche de son nouveau-né seule dans sa chambre. Elle l’enroule dans une serviette, l’insère dans un sac de courses de l’enseigne « Tout à deux euros » et le place dans un sac-poubelle. Elle referme la seconde enveloppe de plastique, descend au bas de son immeuble aux façades grises des quartiers sud de Rennes, où elle vit. Elle jette son nourrisson dans la poubelle attenante – un promontoire vert, avec une grande ouverture métallique, qui surplombe un conteneur enterré de 2,50 mètres de profondeur.
Il vous reste 94.74% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.