Rachida Dati a grillé la politesse à la maire de Paris, Anne Hidalgo. Le 27 janvier, à l’occasion des 80 ans de la découverte du camp d’Auschwitz-Birkenau – et à quelques heures de ses vœux au monde de la culture –, la locataire de la Rue de Valois annonçait un soutien de l’Etat de 6,5 millions d’euros au projet d’extension et de réaménagement du Musée d’art et d’histoire du judaïsme (MAHJ), situé dans le Marais, à Paris. Quatre jours plus tard, l’édile (Parti socialiste) de Paris révélait à son tour une contribution exceptionnelle de 9 millions d’euros au chantier, ainsi que la mise à disposition d’une ancienne école rue des Blancs-Manteaux pour y loger les bureaux et la bibliothèque du musée. La région Ile-de-France, enfin, complète le tour de table avec 3 millions d’euros, portant la contribution publique à 18,5 millions d’euros, sur un coût total de 22 millions.
Au moment où les crédits culturels sont sabrés de toutes parts, un tel élan est inespéré. Mais l’heure est grave : jamais l’antisémitisme n’avait atteint, ces dernières décennies, pareille intensité en France – avec 1 570 actes dénombrés en 2024. Dans les collèges et les lycées, les atteintes antisémites ont doublé en un an, selon le Conseil représentatif des institutions juives de France. Directeur du MAHJ, Paul Salmona ne s’étonne pas de cette flambée, « à la jonction inédite de la critique anticapitaliste, de l’antisémitisme racialiste et d’un antijudaïsme du monde arabo-musulman ». Et malgré deux mille ans d’histoire partagée, « le judaïsme demeure une tache aveugle dans l’histoire de France », ajoute l’intellectuel.
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