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Le plan avait de quoi séduire : se rapprocher de Tel-Aviv tout en maintenant des liens étroits avec le Hamas. De cette façon, Ankara pouvait à la fois avoir de bonnes relations avec Israël et faire avancer la cause palestinienne. Le président turc Recep Tayyip Erdogan, champion de la rue arabe dans les années 2010, voyait sûrement là un moyen de redorer son image, mais aussi de desserrer son isolement diplomatique dans la région et de multiplier les opportunités économiques dont le pays avait un grand besoin.

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La volonté de rapprochement avec Tel-Aviv s’est manifestée par la voix du chef de l’Etat à la fin de 2020, avant d’annoncer deux ans plus tard un rétablissement des relations diplomatiques avec Israël. Lorsque le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, et le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, se sont rencontrés, le 26 juillet 2023, à Ankara, circulait le bruit d’une réunion entre le président turc et Benyamin Nétanyahou dans la capitale turque. L’entrevue aura lieu à New York, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, le 20 septembre. Un peu plus de deux semaines avant l’attaque du 7-Octobre, qui fit voler en éclats tous les propos sur une normalisation en cours dans la région.

Il faudra trois jours de siège de Gaza et de frappes militaires pour que le chef de l’Etat change de braquet et élève à nouveau la voix contre les « méthodes honteuses » de l’armée israélienne. Trois longues journées durant lesquelles Recep Tayyip Erdogan a d’abord retenu ses coups, appelant à la fin des « actions agressives », avant de revêtir son uniforme favori de défenseur de la cause palestinienne. Un virage qui sonne comme une énième volte-face et témoigne d’un embarras croissant.

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Pas un jour ne se passe sans qu’il n’attaque Israël. Il évoque un « crime contre l’humanité », suspecte les Occidentaux de vouloir lancer « une nouvelle croisade de la Croix contre le Croissant ». Le 28 juillet, Recep Tayyip Erdogan menace d’intervenir militairement en Israël. A la suite de l’assassinat d’Ismaïl Haniyeh, à Téhéran, le président déclare une journée de deuil national. Sa mort prive le chef de l’Etat d’un atout diplomatique. Pire, sur la scène internationale, son approche pro-Hamas a fini par marginaliser la Turquie dans son rôle de médiateur. A aucun moment, elle n’a pu se hisser au niveau de l’Egypte et du Qatar.

« Une utopie qui englobe l’Anatolie »

Ce 24 septembre encore, devant l’Assemblée générale des Nations unies, le président s’échine, pendant près de la moitié de son temps de parole, à évoquer la guerre et à comparer le premier ministre israélien à Hitler, appelant à une « alliance internationale de l’humanité » pour arrêter l’Etat hébreu. Mercredi 2 octobre, à Ankara, lors de la session d’ouverture du Parlement, il affirme que l’« aspirant à Hitler nommé Nétanyahou a commis imprudemment tous les crimes comme le génocide, le nettoyage ethnique, la destruction de la liberté d’expression et le bombardement de lieux de culte, d’hôpitaux et d’écoles ». Et puis ceci : « L’administration israélienne jettera son dévolu sur notre patrie après la Palestine et le Liban… Le gouvernement Nétanyahou rêve d’une utopie qui englobe l’Anatolie. »

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