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Malgré une natalité en berne, la population française devrait rester globalement stable : si les tendances démographiques actuelles se poursuivent, elle atteindra un « pic » à 70 millions d’habitants dans les années 2040 avant de revenir vers son niveau actuel en 2070, selon une étude de l’Institut national d’études démographiques (INED) publiée mercredi 26 mars.

Au 1er janvier 2025, le pays comptait quelque 68,6 millions d’habitants, en progression sur un an de 0,25 %.

Le solde naturel, soit la différence entre le nombre de naissances et de décès, n’a contribué qu’à hauteur d’un dixième à la croissance de la population, souligne une étude. Ce solde naturel s’est drastiquement réduit de 140 000 personnes en 2019 à 17 000 en 2024, en raison de deux facteurs.

D’un côté, le nombre de décès a progressé en raison de l’arrivée des générations nombreuses du baby-boom à des âges de forte mortalité, un facteur attendu des démographes. De l’autre, le nombre de naissances a reculé, en raison d’un repli de la fécondité, difficile à anticiper. Les démographes évoquent diverses explications : les Français ont d’autres aspirations que fonder une famille ou sont freinés par des inquiétudes liées aux incertitudes économiques, politiques ou climatiques. Résultat : si la fécondité en France se maintient au niveau de 2024, soit 1,62 enfant par femme, le nombre de décès serait supérieur à celui des naissances dès 2027, pointe l’INED.

La croissance repose essentiellement sur le solde migratoire

En janvier 2025, le nombre de naissances a encore reculé par rapport au même mois un an plus tôt, pour le 31e mois consécutif, selon les dernières données de l’Institut national de la statistique (Insee).

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Ce faible nombre de naissances, le plus bas depuis la fin de la seconde guerre mondiale, pourrait-il entraîner une diminution de la population ? « Avec 0,8 enfant par femme, la population est divisée par trois tous les trente ans, il y a une perspective un peu vertigineuse de la disparition de la population, explique à l’Agence France-Presse (AFP) Laurent Toulemon, l’un des coauteurs de l’étude de l’INED. Mais en France, on n’est pas du tout dans cette situation-là. » C’est toutefois le cas de la Corée du Sud, où le taux de fécondité était de 0,75 enfant par femme en 2024, selon les dernières données de l’organisme public des statistiques du pays.

Dans l’Hexagone, la croissance de la population repose désormais essentiellement sur le solde migratoire, soit la différence entre le nombre de personnes entrées et celles sorties du territoire (+152 000 personnes en 2024). « Il y a tout un effort de la société à faire pour bien accueillir les migrants, qui sont un apport à la population et une richesse à condition qu’ils soient intégrés », estime Laurent Toulemon.

Si la natalité et le solde migratoire se maintiennent au niveau de 2024, la population augmenterait encore pendant deux décennies jusqu’à un plafond de 70 millions d’habitants dans les années 2040, selon les calculs des chercheurs de l’INED. Elle refluerait ensuite progressivement pour s’établir à 68 millions en 2070.

Fécondité plus élevée qu’ailleurs en Europe

Toutefois, des variations du taux de fécondité, du solde migratoire ou encore des chocs sanitaires, tels que la crise Covid-19, pourraient modifier la taille et la composition de la population future, préviennent les chercheurs de l’INED. Poursuite du recul, stabilisation, hausse… En ce qui concerne la fécondité, tout est encore possible, selon eux.

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La fécondité est plus élevée en France qu’ailleurs en Europe « depuis vingt ans », notamment car « la conciliation entre vie familiale et professionnelle » y est moins difficile, observe Laurent Toulemon. Elle pourrait donc « se maintenir ».

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Seule certitude : la population française va vieillir de manière importante, ce qui va entraîner une hausse des besoins de services à la personne. Selon un rapport officiel publié en 2023, le nombre de Français de 75 à 84 ans va augmenter de 50 % entre 2020 et 2030, passant de 4,1 à 6,1 millions. Dans la décennie suivante, le nombre des plus de 85 ans augmentera de plus de 50 %. Afin de répondre au « tsunami démographique », les acteurs du secteur du grand âge estiment qu’il va falloir recruter près de 400 000 personnes à horizon 2030.

Le Monde avec AFP

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