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Histoires Web dimanche, avril 28
Bulletin

Professeure d’économie à l’Institut européen d’administration des affaires et ancienne conseillère économique d’Emmanuel Macron, Alexandra Roulet revient sur la situation des finances publiques et sur l’opportunité de relever les impôts.

Une partie de la majorité entend remettre en cause le tabou des hausses d’impôt, compte tenu de l’état des finances publiques. Est-ce que la situation l’impose ?

La situation des finances publiques est clairement un sujet majeur, mais il ne faut pas céder à la fébrilité. Notre dette demeure attractive sur les marchés, même si les taux augmentent. Nous devons réfléchir à des solutions de moyen terme qui soient crédibles sans être drastiques, à la fois du côté des dépenses et du côté des recettes. La France ne doit pas s’interdire de réfléchir au sujet des impôts, mais les augmenter me semble une mauvaise idée, car cela viendrait annuler le gain politique et économique obtenu par le gouvernement en tenant cette ligne rouge en dépit des pressions permanentes depuis 2017. On peut se poser autrement la question des recettes.

A quoi pensez-vous ?

On peut, par exemple, surseoir aux baisses d’impôt futures, comme celle promise pour les classes moyennes, qui n’est pas indispensable. Le sujet plus fondamental, pour moi, est celui de l’imposition des multinationales et des milliardaires à l’échelle internationale, et, derrière, la question de la capacité des Etats à prélever des recettes sur des assiettes de plus en plus mobiles. Tous les pays sont concernés : le taux moyen de l’impôt sur les sociétés au niveau mondial était de 40 % dans les années 1980, il est de 20 % aujourd’hui.

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En contrepartie, les taux de TVA, qui touchent tout le monde, y compris les classes moyennes, ont augmenté partout. Les profits des multinationales comme le patrimoine des ultrariches sont très mobiles, et alimentent une concurrence fiscale qui érode la capacité des Etats à les taxer. Le volet concernant les grands groupes a été en partie traité par l’impôt minimal sur les sociétés. Mais le travail reste à faire pour les milliardaires et ne peut se traiter qu’à l’échelle mondiale, même si cela prendra du temps. Une partie de leurs dividendes sont logés dans des sociétés-écrans pour échapper à l’impôt. Certains milliardaires réclament eux-mêmes des mesures !

Attention à ne pas surestimer le rendement de ce type de dispositif, qui ne résoudrait pas notre sujet des finances publiques. Les montants semblent astronomiques – on parle de 40 milliards pour l’Europe –, mais ceux qui sont récupérés pays par pays sont, in fine, très inférieurs. Ils seraient, j’imagine, plus proches de 5 à 10 milliards pour la France. La TVA, en comparaison, c’est 200 milliards !

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