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Les responsables français des principaux cultes alertent, jeudi 15 mai, sur de « graves dérives » et le « basculement radical » que pourrait entraîner, selon eux, la proposition de loi sur l’aide à mourir, débattue depuis lundi à l’Assemblée nationale.

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« Derrière une apparente volonté de compassion et d’encadrement, ce texte opère un basculement radical : il introduit légalement la possibilité d’administrer la mort – par suicide assisté ou euthanasie – en bouleversant profondément les fondements de l’éthique médicale et sociale », dénoncent-ils dans une tribune transmise à l’Agence France-Presse (AFP).

Le texte est signé par Antony Boussemart, coprésident de l’Union bouddhiste de France, Mgr Dimitrios, président de l’Assemblée des évêques orthodoxes de France, Chems-eddine Hafiz, recteur de la Grande Mosquée de Paris, Haïm Korsia, grand rabbin de France, pasteur Christian Krieger, président de la Fédération protestante de France, et Mgr Eric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France. La Conférence des responsables de culte en France (CRCF) « alerte solennellement sur les graves dérives qu’implique » cette proposition de loi, écrivent-ils.

Un sujet qui divise jusqu’au sein du gouvernement

Parmi leurs nombreux griefs, ils déplorent, entre autres, la « terminologie » adoptée – l’aide à mourir – qui « masque la nature véritable de l’acte » et un « dévoiement de la médecine ». « De nombreux soignants expriment leur désarroi : être chargés de provoquer la mort d’un patient constitue une transgression radicale de leur mission, et risque d’instaurer une culture de la mort là où la médecine s’est toujours construite comme un service de soin à la vie », écrivent-ils.

Ils pointent aussi une insuffisance des « garanties éthiques et procédurales » prévues, notamment sur les délais pour l’instruction de la demande (quinze jours) et la réflexion des requérants (quarante-huit heures). « L’instauration de ce “droit” risque d’exercer une pression sourde mais réelle sur les personnes âgées, malades ou en situation de handicap. La seule existence d’une telle option peut induire chez des patients une culpabilité toxique, celle d’être un fardeau », estiment les responsables religieux.

Voyant dans le texte la perspective d’une « rupture anthropologique », leur tribune en appelle au « discernement » des parlementaires. « Légaliser la mort administrée ne sera pas un progrès mais une régression éthique, sociale et médicale. Il faut choisir l’investissement dans les soins palliatifs, la formation à l’écoute, l’accompagnement global des personnes jusqu’à la fin de leur vie », ajoutent-ils.

Sujet qui divise jusqu’au sein du gouvernement, la question de la fin de vie a fait son retour dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, lundi. Les députés doivent débattre pendant deux semaines de deux propositions de loi distinctes, l’une portant sur les soins palliatifs, et l’autre sur la création d’une aide à mourir.

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Le Monde avec AFP

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