Il y a un an, il quittait la Russie pour la France. Aujourd’hui, Alexeï Ouminski a retrouvé son visage apaisé de prêtre rebelle, calme mais résolu. « Je continue pour mes fidèles, car beaucoup, en Russie, sont comme des brebis sans pasteur », confie le prêtre orthodoxe, l’un des rares qui, dès février 2022, à Moscou, s’est déclaré contre l’« opération militaire spéciale » du Kremlin en Ukraine. Désormais, Alexeï Ouminski s’exprime de Paris – « [sa] nouvelle vie, [sa] nouvelle maison », sourit-il, assis face à l’iconostase dans la pénombre de l’église Notre-Dame-du-Signe. C’est ici, au cœur du 16e arrondissement, qu’il a trouvé refuge. La petite église orthodoxe est rattachée à la métropole de France du patriarcat de Constantinople, avec lequel l’Eglise de Russie a rompu ses relations.
Alexeï Ouminski, lui, a coupé les liens avec le patriarcat de Moscou, plus que jamais fidèle au Kremlin, comme le rappellent les déclarations d’allégeance du patriarche Kirill, sixième figure dans l’ordre protocolaire de l’Etat et soutien sans faille à la lutte contre les « ennemis extérieurs et intérieurs ». En janvier 2024, après avoir refusé de lire une prière « pour la victoire de la sainte Russie », le prêtre rebelle ne s’était pas rendu à une convocation du tribunal diocésain de Moscou, au sein duquel la justice ecclésiastique reste très opaque. Cinq archiprêtres l’attendaient pour confirmer la décision déjà prise par le patriarcat : démettre Alexeï Ouminski de ses fonctions de recteur de la Sainte-Trinité-de-Khokhli, cette église au cœur du vieux Moscou où il servait depuis trente ans. Quelques jours plus tôt, il avait publiquement déclaré « prier plus pour la paix que pour la victoire » et prévenu que « toute victoire à la Pyrrhus équivaut à l’autodestruction ». A l’opposé, donc, de la ligne officielle de l’Eglise.
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