Chaque vendredi, Le Monde Afrique vous présente trois nouveautés musicales issues ou inspirées du continent. Cette semaine, direction l’océan Indien avec les nouveaux albums de Damily, Loya et Jako Maron.
« Zaho ka Ambaranao », de Damily & Toliara Tsapiky Band
En février et mars 2023, le cyclone Freddy déferle par deux fois sur Madagascar, faisant onze morts. C’est justement ce moment que Damily (57 ans), revenu de France pour les funérailles de sa mère à Tongobory (sud-ouest), a choisi pour enregistrer un album sous une paillote au milieu des zébus, chèvres et moutons. Guitare et micros raccordés à des haut-parleurs, amplis rafistolés pour la basse, accordéon branché sur une console de karaoké… et Freddy qui s’invite à la fête. Malgré tout, le guitariste et son groupe parviennent à mettre en boîte Fihisa, qui sort vendredi 7 février et contient six morceaux de « tsapiky », ce genre né à la fin des années 1980 de la rencontre des traditions malgaches et de musiques d’Afrique continentale.
« Hoy Aho Neny », de Loya (feat. Remanindry Family)
La figure maternelle est aussi au centre de Hoy Aho Neny, extrait de l’album Blakaz Antandroy, que le producteur réunionnais Sébastien « Loya » Lejeune a fait paraître fin novembre 2024. Ce titre composé avec la famille Remanindry souligne l’importance des mères chez le peuple antandroy, une communauté du sud de Madagascar, où elles font office de gardiennes des traditions, de guérisseuses et de conseillères. Les dix morceaux de cet opus dont l’origine remonte à une commande du Quai Branly – qui avait demandé à Loya de s’inspirer des archives sonores du musée pour préparer un concert lors d’une exposition sur la Grande Ile – fusionnent ainsi, de façon parfois déroutante, les traditions chamaniques et la modernité électronique.
« Paré po saviré », de Jako Maron
« Un appel à rassembler les esprits et les gens. » C’est ainsi que Jako Maron (57 ans), fer de lance de la musique électronique réunionnaise, décrit Paré po saviré, un morceau extrait de son album Mahavélouz, qui sort vendredi 7 février. Pour ce disque qui prolonge ses expérimentations visant à faire dialoguer maloya et techno, il s’est concentré sur le bobre, un arc musical cousin du berimbau brésilien. Seul instrument mélodique du maloya, celui-ci est souvent « noyé » par les percussions. Jako Maron a donc demandé au musicien Zan Amemoutoulaop une série de solos qu’il a ensuite passés à la moulinette de ses boîtes à rythmes. « Il n’y a pas besoin de mots pour cette musique : le bobre est la voix, et c’est une voix ancestrale », affirme-t-il.
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