Le hasard concocte parfois de surprenantes collisions d’agendas. Samedi 31 mai, quatre jours après que les députés français, de l’extrême droite au bloc central, eurent renvoyé la proposition de loi Duplomb afin de la faire adopter en commission mixte paritaire, des chercheurs japonais font état dans la revue Environmental Monitoring and Contaminants Research des premières détections de pesticides néonicotinoïdes dans l’eau de pluie. Avec, comme substance la plus fréquemment détectée, le fameux acétamipride – que le texte déposé par le sénateur (Les Républicains) de la Haute-Loire vise à réintroduire en France. « Les nuages sont devenus un vecteur de contamination de l’environnement global », résume le chimiste et toxicologue Jean-Marc Bonmatin (Centre national de la recherche scientifique), qui travaille depuis trente ans sur cette famille de pesticides.
Conduits par Masumi Yamamuro (université de Tokyo), les auteurs ont prélevé une dizaine d’échantillons d’eau de pluie, recueillis entre avril 2023 et septembre 2024, au cœur de deux villes japonaises, Tsukuba (260 000 habitants) et Kashiwa (430 000 habitants), situées dans des régions agricoles de l’archipel. Les chercheurs ont mesuré la présence de néonicotinoïdes dans 91 % des échantillons, c’est-à-dire tout au long de l’année – à l’exception de janvier – , l’acétamipride étant présent dans 82 % des cas. Ces produits demeurent autorisés au Japon, notamment en traitement du riz et des monocultures de pins.
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