Meilleures Actions
Histoires Web jeudi, octobre 24
Bulletin

Outre des conséquences dramatiques encore difficiles à évaluer, la mort d’Ismaïl Haniyeh, le chef du bureau politique du Hamas, a suscité un immense flux de commentaires, parmi lesquels on distinguait aisément des accents eschatologiques.

Un des grands titres de la presse britannique, The Independent, affirmait ainsi que le meurtre des dirigeants du Hamas pourrait déclencher l’Armageddon ; aux Etats-Unis, un général américain à la retraite, dans une interview à America first policy Institute, un think tank au service de Trump, parlait d’Armageddon qui « vient frapper à la porte » ; quelques jours auparavant, le Jerusalem Post soulignait que la dangereuse politique iranienne faisait courir le risque d’un Armageddon atomique.

De Trump aux JO

C’est une tendance de fond depuis plusieurs années que tout événement majeur soit interprété comme un signe de la fin des temps. Le début de la guerre en Ukraine fut présenté comme une apocalypse par de nombreux commentateurs, certains n’hésitant à dépeindre Vladimir Poutine sous les traits de l’« Antéchrist ». Quelques mois plus tard, les inondations mortelles en Lybie puis le tremblement de terre au Maroc, et même l’arrivée massive de migrants à Lampedusa, fournirent l’occasion d’user de rhétorique apocalyptique.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Histoire d’une notion : l’apocalypse ou l’histoire sans fin de la fin du monde

Le grand événement mondial que représente la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024 n’échappe pas à la règle : les réseaux sociaux bruissent de commentaires ouvertement eschatologiques. Le cheval mécanique qui court sur la Seine ? c’est un cavalier de l’Apocalypse ! La sculpture Taureau et Daim de Paul Jouve [1878-1973], à l’entrée des jardins du Trocadéro ? c’est le veau d’or du malheureux Aron !

On trouve également sur les réseaux des commentaires qui font de Paris et de la France la Grande Prostituée de Babylone [figure mystérieuse de l’Apocalypse de Jean]. Et on n’abordera pas ici les polémiques à l’échelle mondiale concernant la prestation de Philippe Katerine et les accusations de parodie de la Cène.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Isabelle Saint-Martin, historienne de l’art : « “La Cène” de Léonard de Vinci a fait l’objet d’innombrables détournements contemporains »

Une telle récurrence de la rhétorique de l’Apocalypse n’est pas anodine. Il ne s’agit pas de gentilles anecdotes surannées, manipulées par d’obscurs fanatiques qui s’expriment dans des cercles restreints. Les mythes chrétiens de la fin des temps, sont intrinsèquement puissants : qu’on le veuille ou non, ils font partie de notre imaginaire commun, ce qui favorise leur diffusion.

Ce n’est pas un hasard si Donald Trump use systématiquement de références bibliques et apocalyptiques dans ses discours. L’attentat auquel il a échappé de justesse a été l’occasion pour le milliardaire de renouer avec une certaine mystique religieuse. En proclamant que Dieu seul lui avait permis d’échapper à un tir potentiellement fatal, Trump revenait sur une de ses idées fixes : il serait The Chosen One, l’Elu de Dieu. Ce faisant, il relançait des éléments de propagande biblique qui l’accompagnent depuis ses débuts en politique.

Il vous reste 44.44% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Share.
© 2024 Mahalsa France. Tous droits réservés.