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Histoires Web jeudi, septembre 19
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La Kangoo roule doucement le long du quai des Célestins, à Paris. A son bord, le chargé de projet de la veille sanitaire et un docteur bénévole de Médecins du monde, un gilet cargo aux couleurs de l’association humanitaire sur le dos, scrutent la galerie couverte jouxtant la Cité internationale des arts. « C’est ici que se réfugient les jeunes demandeurs d’asile en recours. Mais ils ont déjà été délogés… », remarque Milou Borsotti, le salarié de l’association, en cette matinée froide de mi-septembre. Au niveau des quais bas, pas trace non plus de ces personnes qui, le reste de l’année, squattent sous le pont Marie.

La maraude reprend son parcours à la recherche des exilés à la rue. Depuis la fin des Jeux paralympiques, Médecins du monde a entamé un nouveau cycle de tournées pour renouer contact avec les populations étrangères dispatchées durant les épreuves de Paris 2024.

Direction La Chapelle, où les sans-abri se réfugient d’habitude tous les soirs sous le métro aérien. Là, deux hommes se sont posés sur une chaise. En face, le long de la grille du square, une grappe de jeunes Soudanais se réchauffe au soleil. L’ensemble du groupe a été chassé au petit matin, et une camionnette siglée « Propreté de Paris » a ramassé les cartons qui leur servent de protection la nuit.

Les deux associatifs, gros sac médical sur le dos, s’approchent et demandent si les deux hommes ont besoin de soins. Hamed Taïeb montre son oreille douloureuse. Le médecin diagnostique un tympan percé. Des gouttes et des antibiotiques sont confiés à l’homme, qui explique attendre le renouvellement de sa carte de réfugié et avoir perdu sa couverture maladie universelle.

« Ils ont lacéré nos tentes »

Le médecin s’active tandis que le responsable associatif donne des informations sur les permanences de Médecins du monde, quand arrive un jeune Afghan, chemise blanche impeccable, coiffure soignée. Ahmadzai Koudouz, demandeur d’asile arrivé à Paris il y a deux ans après avoir été « dubliné » en Autriche (selon le règlement européen de Dublin, qui instaure une procédure de renvoi dans le premier pays d’entrée de la zone Schengen), raconte sa nuit écourtée par une intervention policière à Stalingrad. « Ils sont arrivés à 6 heures, il faisait noir, on était cinq avec des amis qui venaient d’arriver. Ils nous ont crié de sortir et ont lacéré nos tentes. Ils nous ont juste laissés prendre notre sac de couchage et demandé de partir », relate l’homme de 21 ans, la mine défaite.

Stalingrad est un des lieux le long de la ligne 2 du métro parisien où les migrants se regroupent. Les Jeux olympiques (JO) ont changé la donne : les autorités ont employé de gros moyens d’intervention pour éviter tout regroupement et fixation de campement. Depuis quelques mois, les opérations de police se sont faites plus fréquentes. Les associations ont dénoncé un « nettoyage social » qui ne disait pas son nom, en amont de l’événement sportif. Le retour à la normale, une semaine après la fin de Paris 2024, ne semble pas changer les pratiques, d’après l’ONG : « Aujourd’hui, il n’y a pas un endroit à Paris où ces migrants peuvent installer leur tente », s’insurge le responsable de Médecins du monde.

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