L’AVIS DU « MONDE » – À NE PAS MANQUER
Agnès (en cinq chapitres). La scène autour de laquelle pivote Sorry, Baby, premier long-métrage fragmenté de l’Américaine Eva Victor dans lequel elle tient aussi le rôle principal, arrive au cœur de la deuxième partie. Agnès entre de jour dans une maison cadrée en plan large. Le spectateur, lui, reste à la porte pendant que les heures défilent à l’image jusqu’à la tombée de la nuit. L’étudiante en littérature finit par sortir, quelque peu erratique. La caméra la suit de dos à travers le campus. Hagarde, elle regagne sa voiture. On suit tout le trajet de face, le visage d’Agnès, affolée, pour partie dans l’obscurité. Quelque chose s’est passé là que le film ne cherche ni à montrer ni à nommer clairement, mais dont il va saisir en profondeur les répercussions.
Quand Sorry, Baby commence, ce drame a déjà eu lieu quelques années plus tôt. Traitant de l’épineux sujet du trauma, le long-métrage avance au fil d’une chronologie découpée en chapitres où passé, présent et futur apparaissent de manière désordonnée. Comment rendre compte de ce bouleversement qui touche en souterrain à ce qu’il y a de plus intime ? Eva Victor fait le choix de coller à la perception et aux sensations de son personnage. Tout pour Agnès devient à la fois proche et lointain. Certaines scènes s’étirent quand d’autres jouent d’ellipses plus abruptes. Le film fonctionne par endroits de manière circulaire, multipliant les jeux d’échos, comme si le trauma exacerbait le sentiment de répétition.
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