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Histoires Web mercredi, octobre 23
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Le 4 mai 2011, jour de la parution de Dans l’ombre, roman d’Edouard Philippe et de Gilles Boyer (JC Lattès), Le Monde titrait « Quatre ans après son élection, M. Sarkozy pose les bases de sa campagne pour 2012 ». Construire une fiction autour des efforts d’un dirigeant de droite pour arriver au second tour de la présidentielle ne demandait alors aucun effort de crédulité. Les vicissitudes de la production audiovisuelle et de l’histoire réunies ont fait que l’adaptation de Dans l’ombre arrive sur les écrans, grâce au service public, dans un paysage qui n’a plus rien à voir avec celui dans lequel les auteurs du roman avaient situé leur récit.

On remarquera au passage que le plus fameux des deux, l’ancien premier ministre d’Emmanuel Macron, a puissamment contribué à la reconfiguration politique qui rend la situation de départ de Dans l’ombre – un homme intègre tente d’asseoir sa primauté sur un parti de droite divisé mais puissant – aussi invraisemblable que désuète. Il faudra donc surmonter la désorientation qu’elle suscite initialement pour profiter de ses qualités, celles d’un thriller atmosphérique habité par des acteurs qui font assaut d’inventivité.

Le candidat en question, Paul Francœur (il y a quelque chose d’attendrissant dans cette manière d’afficher les qualités du héros à travers son patronyme, comme dans une bande dessinée des hebdomadaires des années 1960, Fripounet ou Pif), incarné par Melvil Poupaud, arbore la pilosité faciale bicolore qui fut celle de son créateur. Il est aussi le promoteur d’idées brillantes qui ne rencontrent aucun écho dans l’opinion publique.

Chargés de l’adaptation du roman, le réalisateur Pierre Schoeller (auteur d’un des meilleurs films sur la politique en France au XXIe siècle, L’Exercice de l’Etat, en 2011) et le jeune scénariste Lamara Leprêtre-Habib ont fait de Paul Francœur le survivant d’un accident qui l’a rendu veuf et hémiplégique. Il fera donc campagne en fauteuil.

Juste incarnation

La primaire de la droite le met face à une candidate démagogue et sans scrupule, Marie-France Trémeau (Karin Viard). Dans cet affrontement, il peut compter sur la dévotion inébranlable de César Casalonga (Swann Arlaud), conseiller politique et exécutant qui mène une vie monacale. Le salut de Dans l’ombre passait par la juste incarnation de ce trio, le bon, la brute et l’intrigant. Au bout de deux épisodes, Melvil Poupaud, Karin Viard et Swann Arlaud parviennent à faire oublier l’incongruité politique de la situation de départ, offrant le spectacle d’un affrontement à l’issue incertaine dont on oublie vite la vanité.

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