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Histoires Web mardi, septembre 24
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Six enfants jouent à l’ombre de grands arbres. A quelques mètres, Rose et Maurice, leurs parents (les personnes citées ont voulu garder l’anonymat), s’affairent à des travaux dans leur nouveau foyer. Il y a environ un an, après plusieurs années vécues dans les appartements de la Société immobilière de Nouvelle-Calédonie (SIC), le plus grand bailleur social local, la famille a pris ses valises pour rejoindre le squat du Caillou bleu, situé à l’entrée de Nouméa. Comme beaucoup, elle n’a pas eu d’autre choix que de rejoindre l’une des 61 zones d’« habitat précaire sur un foncier occupé illégalement » recensées officiellement dans l’agglomération nouméenne.

« C’était devenu trop cher. Après avoir payé le loyer, l’eau, le courant et la nourriture… on n’avait plus rien », énumère Rose. Pour boucler le mois, le foyer pouvait compter sur le seul salaire de Maurice, employé dans le bâtiment au revenu minimum. Une paye de l’ordre de 1 300 euros, difficilement conciliable avec une vie dont la cherté a atteint des sommets parmi les territoires ultramarins français. Entre 2011 et 2023, les prix de l’alimentation ont augmenté de près de 25 % en Nouvelle-Calédonie. Selon l’Institut d’émission d’outremer, le taux de pauvreté, 18,3 % en 2019, était « plus de deux fois supérieur au taux métropolitain ».

« Mal-être et colère » de la jeunesse

Du logement social au squat. Ce parcours est également celui de Tale, 46 ans, expulsé de son logement. Il rembourse désormais sa dette auprès du bailleur, petit à petit. Sans travail, il peut compter sur la solidarité familiale et les fruits de son jardin qu’il bichonne tout particulièrement. « Quand on vit dans les logements sociaux, on travaille pour payer les factures et à la fin… rien du tout. Comment tu veux faire, surtout si tu as des enfants… ? », interroge Tale.

Lire aussi (en 2021)| Article réservé à nos abonnés Inégalités sociales en Nouvelle-Calédonie : « Il y a vraiment deux mondes. Et la situation s’aggrave »

Selon Seven, un résident du squat de Tina depuis sept ans, c’est ce « mal-être, la colère et les frustrations », en particulier des plus jeunes, qui se sont exprimés le 13 mai quand a éclaté l’insurrection. Au même titre que les quartiers populaires, les squats ont été des foyers importants de la révolte. « Pour moi, le 13 mai [en réaction à  l’arrivée devant l’Assemblée nationale de la réforme constitutionnelle sur la Nouvelle-Calédonie], c’est la jeunesse qui s’est réveillée et s’est rendu compte que ce mode de vie individualiste les empêche d’exprimer leur culture, d’exister et d’être pris en compte. Les jeunes voient comment vivent leurs parents, ils n’ont aucune perspective ».

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