La liberté de pensée serait-elle en péril dans les grandes écoles d’ingénieurs, elles-mêmes soumises à un poids grandissant des entreprises ? C’est l’analyse du collectif Entreprises illégitimes dans l’enseignement supérieur (EIES), qui revendique une cinquantaine de membres, étudiants, anciens étudiants et militants pour la transition écologique. Il a publié, le 17 septembre, une cartographie en ligne des « liens d’influence des entreprises privées dans l’enseignement supérieur ».
EDF, BNP Paribas, Orange, Thales, Dassault, Safran, TotalEnergies… Le collectif évalue à 20 le nombre d’entreprises les plus présentes dans ces établissements. Parmi celles-ci, affirme le collectif EIES, « cinq produisent des armes, deux sont impliquées dans la chaîne du pétrole, trois sont des banques françaises polluantes, et seulement quatre n’ont pas été condamnées par la justice ou impliquées dans des scandales sociaux ou environnementaux ».
Conséquence : « Des générations entières sont formées à des métiers qui disparaissent ou à des modes de production qui aggravent les crises, au lieu de leur donner les clés pour les surmonter », estime-t-il. Des « contenus académiques » sont transmis par des « experts » salariés des entreprises qui « se concentrent sur certaines technologies sans en révéler les controverses et limites écologiques », illustre le collectif, qui s’étonne par ailleurs de la présence, dans les conseils d’administration des écoles, d’anciens élèves devenus cadres au sein de ces mêmes grands groupes.
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