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A première vue, le relais petite enfance (RPE) de Tournefeuille, dans la banlieue sud-ouest de Toulouse, ressemble à n’importe quel lieu d’accueil de jeunes enfants : du mobilier coloré et adapté, des espaces pour le jeu, la lecture, la manipulation, la motricité… Sauf qu’à l’entrée, un petit panneau violet indique : « Egalirelais, filles et garçons sur le chemin de l’égalité. » Ici, tout a été pensé et aménagé en ce sens, à l’initiative de la responsable, Géraldine Vigier, et de son bras droit, Emilie Navarro, qui ont reçu une formation, comme la majorité des assistantes maternelles venant dans cette structure municipale avec les enfants dont elles ont la garde.

Au relais petite enfance, à Tournefeuille (Haute-Garonne), le 20 juin 2024. Les espaces ont été aménagés pour favoriser l’égalité entre les filles et les garçons.

Ici, exit le traditionnel coin dînette, les enfants vont au « restaurant ». Adieu le coin poupées, les poupons sont répartis entre la « salle de bains » et la « salle à manger ». Aux murs sont affichées des photos d’hommes, de femmes et de bambins en train d’effectuer des tâches de la vie quotidienne ; dans la bibliothèque, les livres véhiculant des stéréotypes genrés ont été bannis.

Dans la « buanderie », un petit garçon est en train de repasser une chemise, sous l’œil encourageant de Karine, 53 ans, qui souhaite rester anonyme. « Tu fais comme papa ? Je crois que c’est lui qui repasse à la maison ? » demande-t-elle à l’enfant, qui acquiesce en souriant. A côté, dans la « cuisine », un de ses camarades prépare le biberon pour son bébé, après avoir fait les courses. « Avant, les garçons jouaient surtout aux voitures et les filles à la poupée. On se rend compte qu’en modifiant des petites choses, cela fait évoluer la façon de fonctionner de tout le monde », glisse cette assistante maternelle.

La responsable du relais petite enfance de Tournefeuille (Haute-Garonne), Géraldine Vigier (à gauche), et son adjointe, Emilie Navarro, éducatrice, le 20 juin 2024. La responsable du relais petite enfance de Tournefeuille (Haute-Garonne), Géraldine Vigier (à gauche), et son adjointe, Emilie Navarro, éducatrice, le 20 juin 2024.

C’est en suivant la formation que Karine a pris conscience des différences qu’elle et ses collègues pouvaient établir, sans s’en rendre compte : complimenter les filles sur leurs tenues, demander aux garçons de « faire attention aux copines, comme si elles étaient plus fragiles et eux plus brusques », solliciter plus souvent les filles pour ranger. Du haut de ses vingt ans d’expérience, Karine mesure aussi l’évolution de la société sur ce sujet par rapport à ses débuts dans le métier, lorsqu’elle achetait aux enfants des « Action Man » : « Vous savez, les “Barbie pour garçons”, comme on disait à l’époque. »

Les garçons s’imposent moins

Le cheminement de ces professionnelles s’est effectué sur deux ans et demi. Il a démarré au printemps 2021 avec l’organisme de formation agréé Artemisia, grâce au financement de la délégation départementale aux droits des femmes et à l’égalité et de la caisse d’allocations familiales (CAF) de la Haute-Garonne. Un « diagnostic » a d’abord été réalisé, où tout a été disséqué : les échanges entre les enfants et avec les adultes, l’occupation de l’espace, la mixité, etc. Les points d’amélioration ont ensuite été abordés sous la forme d’ateliers. Enfin, le « postdiagnostic », établi fin 2023, a évalué les progrès effectués, retrace Sophie Collard, coordinatrice générale d’Artemisia.

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